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APULÉE.

maison de campagne, afin d’y jouir tranquillement du plaisir de la lecture et de la composition. Il a fait des Notes sur la Belise di D. Antonio Muscetola, qui ont été imprimées avec les Bellezze della medezima abbozzate da Oldauro Scioppio, l’an 1664. Lorsque le Soprani, de qui j’emprunte cet article, publia son Catalogue des écrivains de Ligurie, en 1667, notre Aprosio travaillait à un grand ouvrage de morale sur la défaite des vices capitaux par les vertus opposées [a]. Oldoïni m’apprend que cet ouvrage fut imprimé à Gênes, l’an 1674, et dédié au prince de Monaco.

  1. Strage de Vitii capitali trionfati dalle Virtù opposte.

APULÉE (Lucius), en latin Apuleius, philosophe platonicien, connu de tout le monde par le fameux ouvrage de l’Âne d’or, a vécu au IIe. siècle, sous les Antonins (A). Il était de Madaure, colonie romaine dans l’Afrique (B). Sa famille était considérable (C) : il fut bien élevé ; il était bien fait de sa personne, il avait de l’esprit, il devint savant ; mais il se rendit suspect de magie, et cette mauvaise réputation fait beaucoup de tort encore aujourd’hui à sa mémoire. Il étudia premièrement à Carthage, puis à Athènes, ensuite à Rome (D), où il apprit la langue latine, sans le secours de qui que ce fût. Une insatiable curiosité de tout savoir l’engagea à faire divers voyages, et à s’enrôler dans diverses confréries de religion (E). Il voulait voir le fond de leurs prétendus mystères, et c’est pour cela qu’il demandait à y être initié. Il dépensa presque tout son bien dans ces voyages (F) ; de sorte qu’étant retourné à Rome, et se voulant consacrer au service d’Osiris, il n’avait pas assez d’argent pour soutenir la dépense à quoi l’exposaient les cérémonies de la réception. Il engagea jusqu’à son habit pour faire la somme nécessaire [a] : après quoi, il gagna sa vie à plaider des causes : et comme il était assez éloquent, et assez subtil, les procès, et même les grands procès, ne lui manquaient pas [b]. Mais il se mit encore plus à son aise, par le moyen d’un bon mariage, que par le moyen de la plaidoirie. Une veuve, nommée Pudentilla, qui n’était ni jeune ni belle, mais qui avait besoin d’un mari, et beaucoup de bien, le trouva fort à son goût (G). Il ne fit point le renchéri : il ne se soucia point de réserver sa bonne mine, Sa propreté (H), son esprit et son éloquence, pour quelque jeune tendron ; il épousa de bon cœur la riche veuve, dans une maison de campagne auprès d’Œea, ville maritime d’Afrique. Ce mariage lui attira un fâcheux procès : les parens des deux fils de cette dame prétendirent qu’il s’était servi de sortiléges pour s’emparer de son cœur et de son argent (I) : ils le déférèrent

  1. Voyez la remarque (F).
  2. Quæ res summum peregrinationi meæ tribuebat solatium nec minùs etiam victum uberiorem subministrabat, Quidni ? spiritu faventis eventûs quæsticulo forensi nutrito, per patrocinia sermonis romani....... quam nunc inconstanter gloriosa in foro redderem patrocinia. Apuleius, Metam., lib. XI, pag. 272., edit. Elmenhorstii, an. 1621, in-8.