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APULÉE.

ne crois pas qu’il faille prendre cela au pied de la lettre : c’est apparemment une figure de l’éloquence gauloise de Sidonius Apollinaris : Legentibus meditantibusque candelas et candelabra tenuerunt [a]. Plusieurs critiques ont publié des notes sur Apulée (Q). Je ne sache point [b] qu’on ait d’autres traductions françaises de l’Âne d’or, qu’en vieux gaulois (R). On a raison de prendre ce livre pour une satire continuelle des désordres dont les magiciens, les prêtres, les impudiques, les voleurs, etc., remplissaient alors le monde (S).

  1. Sidon. Apollin., Epist. X, lib. II.
  2. On écrit ceci l’an 1694.

(A) Il a vécu au IIe. siècle, sous les Antonins [1]. ] Pierre Pithou, rejetant bien loin ceux qui disent qu’Apulée a vécu après Théodose, prouve qu’il a vécu environ le temps d’Antonin Pius, et après [2]. Ce sentiment est appuyé sur de si bonnes raisons, que je ne vois personne qui ne l’embrasse. Il est manifeste qu’un Scipion Orfitus, qu’un Lollianus Avitus, qu’un Claudius Maximus, qu’un Lollius Urbicius, desquels Apulée parle comme de personnes vivantes, ont vécu sous les Antonins. Le père Noris critique mal Elmenhorst : il lui impute d’avoir avoué son ignorance sur le temps auquel Apulée a vécu [3], et il lui montre deux passages de l’Apologie d’Apulée, dans l’un desquels Antonin n’est point qualifié Divus, et dont l’autre fait mention du proconsul Lollianus Avitus, qui fut consul l’an 144. L’absence de Divus est une assez bonne preuve qu’Antonin vivait encore. Le père Noris n’aurait pas tort, si celui qu’il a critiqué n’avait point dit ce que l’on va lire. Quo anno natus (Apuleius) non liquidò liquet. Verisimiliter tamen possumus adserere eum temporibus Antonini Pii divorumque fratrum vixisse. Meminit enim [* 1] Lolliani Aviti, Lollii [* 2] Urbicii Pudentis, et [* 3] Scipionis Orphiti Coss. qui sub Antonino præcipuè floruerunt, summis macti honoribus, ut constat ex L. 3. ff. de his quæ in testament, delent. et L. 3. § 2. fl. de Decurion. [4]. Le passage, où Antonin n’est point qualifié Divus, contient les reproches qu’Apulée fait au fils de sa femme, sur ce qu’il produisait des lettres d’amour de sa mère : Hucusquè à vobis miserum istum puerum depravatum, ut matris suæ epistolas, quas putat amatorias, pro tribunali proconsulis recitet apud virum sanctissimum Claudium Maximum, ante has imperatoris Pii statuas filius matris suæ pudenda exprobret stupra, et amores objectet [5] ! Jonsius se trompe doublement, lorsque pour prouver qu’Apulée a vécu au temps que je lui assigne, il dit que ce philosophe donne à Antonin Pius l’éloge de Divus [6]. Le fait est faux, et la conséquence que l’on en tire est nulle.

(B) Il était de Madaure, colonie romaine dans l’Afrique. ] Cette ville, qui avait appartenu à Syphax, fut donnée à Masinissa par les Romains : Neque hoc eo dixi, quod me patriæ meæ pœniteret, etsi adhuc Syphacis oppidum essemus : quo tamen victo, ad Masinissam regen concessimus, munere populi Romani, ac deinceps veteranorum militum novo conditu, splendidissima colonia sumus [7]. Peu auparavant, il avait dit qu’il n’avait point de honte de participer comme Cyrus à deux nations différentes : De patriâ meâ ver quòd eam sitam Numidiæ et Gætuliæ in ipso confinio meis scriptis ostendisti, quibus memet professus sunt....... Seminumidam et Semigætulum, non video quid mihi sit in eâ re pudendum, haud minùs

  1. (*) Apolog., pag. 289, Capitol. Antonino, XXVII.
  2. (*) Apolog., pag. 274. Capitolin. Pertinace, LXXVIII.
  3. (*) Apuleii Floridor., pag. 357, 358.
  1. Et non pas sous Domitien, avec Apollonius de Tyane, comme l’assure Anastase de Nicée, Quæstione XXII, in Scripturam. Notez que d’autres donnent cet ouvrage à Anastase Sinaïte.
  2. Pithœus, Adversarior. lib. II, cap. X.
  3. Notis, Cenotaph. Pisan., pag. 33.
  4. Elmenh., in Vitâ Apulei.
  5. Apuleii Apologia, pag. 327.
  6. Jonsius, de Script. Hist. Philos., pag. 267.
  7. Apul. Apologia, pag. 289.