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ARAGON.

litteris doctrinæ, et quem nunquàm frustrà consulas, fortè venit ad me visendi gratiâ, et venit quidem optatus. Ille statìm atque de re communicavi, ut singulos Bibliorum versus, imò et voces singulas in numerato habet, ac tanquàm digitos tenet, indicavit locum ex Esaïæ 66, v. 13.

(D) Valérien de Flavigni.… en a dit du mal. ] Il était professeur en hébreu, dans le Collége royal, à Paris ; il fronda cruellement la Bible de M. Le Jai : il soutient que le texte hébreu y avait été misérablement défiguré par Philippe d’Aquin : Tot ac tantis conspurcatum maculis atque sordibus, obstetricantibus impurissimis manibus Philippi Aquinatis, Avenionensis, ex judæo christiani, ut à plantâ pedis usque ad verticem non sit in eo sanitas [1].

(F) Louis Henri d’Aquin traduisit quelque chose d’hébreu en latin [2]. ] Lisez ce qui suit : Commentarius Rabi Levi filii Gersonis in librum Jobi, seu in quinta prima capita, interprete Ludovico Henrico Aquino Lutetiæ, à Paris, chez Th. Blaise, en 1622, in-4o. ; Scholia Rabi Salomonis Jarchi in librum Esther : item Excerpta quædam ex Talmudo et Jalcut in eumdem librum, interprete Lud. Henr. Aquino, ibid., 1622, in-4o.

  1. Flavigni, in Epistolâ de Heptaplis Parisiensibus, apud Colomesium, Gal. Oriental., pag. 256.
  2. Voyez Colomiés, Galliæ Orient. pag. 254, 256.

ARAGON (Alfonse, Ve. du nom, Roi d’). Cherchez sous le mot NAPLES, Alfonse, Ier. du nom, roi de Naples.

ARAGON (Jeanne d’), femme d’Ascagne Colonna, prince de Tagliacozzi, a été une dame très-illustre dans le XVIe. siècle. Elle était de Naples, et descendait des rois d’Aragon. Les beaux esprits de son temps firent sonner ses éloges d’une façon extraordinaire (A). Le philosophe Augustin Niphus ne fut pas des moins empressés à lui rendre des hommages. Il la représenta si belle, et il particularisa de telle sorte les perfections de son corps (B), qu’il s’est trouvé des auteurs qui ont dit qu’il l’avait flattée, et que l’amour l’avait jeté dans les hyperboles (C). On a même prétendu que sa qualité de médecin lui avait donné des priviléges qui l’avaient enflammé d’amour (D). Ces pensées me paraissent fades [a]. Ce ne fut point seulement par sa beauté qu’elle se fit admirer : le courage, la prudence et la capacité des grandes affaires la distinguèrent extrêmement des autres femmes de qualité [b]. Sous le pontificat de Paul IV, elle eut part aux résolutions qui furent prises par les Colonnes contre les intérêts de ce pape. On l’aurait emprisonnée, si l’on n’avait eu quelques considérations pour son sexe ; mais en cette considération, on se contenta de lui défendre de sortir de Rome. Elle ne laissa pas d’en sortir bien adroitement [c] (E), afin d’être plus en état de seconder les entreprises de son fils, qui était ce Marc-Antoine Colonne, qui acquit dans la suite tant de gloire à la bataille de Lépante. Il ne paraît pas qu’en ce temps-là elle fût bien avec son mari ; car elle était entièrement dans les intérêts de son fils : or il y avait une mésintelligence si outrée entre le père et le fils (F), que celui-ci contribua à l’emprisonnement de l’autre pour crime d’état. Chose fâcheuse, qu’une dame d’un si grand mérite fût

  1. Voyez la remarque (C).
  2. Voyez la remarque (E).
  3. En 1556. Voyez la Vie du duc d’Albe, et ci-dessous la remarque (I).