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ARCHÉLAÜS.

(H) Voici quelques observations contre le Moreri. ] 1o. Il est faux qu’Archélaüs ait succédé à Perdiccas l’an 3641 du monde ; car, selon Moréri, cette année du monde répond à l’an 351 de Rome. Or cette année de Rome répond à la 2e. année de la 94e. olympiade ; et nous avons vu ci-dessus qu’il faut, selon Diodore de Sicile, qu’Archélaüs ait commencé de régner la 3e. année de la 93e. olympiade. 2o. Il n’est pas vrai que Justin parle de notre Archélaüs : celui dont il fait mention était oncle d’Alexandre-le-Grand, et n’a jamais été roi. On ne devait donc pas s’étonner qu’il ne parle pas du temps de son règne. 3°. Il n’est pas vrai qu’il le mette entre les fils que Perdiccas eut d’Eurydice : il le met entre les fils d’Amyntas et de Gygée ; d’Amyntas, dis-je, père de Philippe, et grand-père d’Alexandre-le-Grand. 4o. Ni ce que Justin a dit, ni ce qu’il a oublié, ne sont point des marques qu’on ait confondu Archélaüs le grand-père avec Archélaüs le petit-fils ; car il n’a parlé que d’un Archélaüs qui n’était point petit-fils du nôtre. 5o. C’est une étrange faute que de placer sous l’olympiade 117 la mort de notre Archélaüs, et de faire correspondre cette olympiade à l’an 363 de Rome. 6o. Il ne fallait pas assurer que l’Archélaüs qui régna après Oreste était son fils, et le petit-fils d’Archélaüs ; car outre qu’Eusèbe n’est guère suivi à l’égard de cet Archélaüs, second du nom, il ne marque nul degré de parenté. Ce qui suit concerne le Supplément de Moréri. On y trouve que Socrate ne voulut point approcher Archélaüs, à cause de sa tyrannie et de ses inhumanités. Comptons cela pour la 7e. méprise ; car nous avons vu ci-dessus [1] que ce ne fut point la raison qui empêcha ce philosophe d’aller à la cour de Macédoine. La 8e. faute est d’imputer à Thucydide, et à Diodore de Sicile, d’avoir dit qu’Euripide, étant prié de faire quelque tragédie sur le sujet d’Archélaüs, s’en excusa, pour ne pas dépeindre les cruautés de ce tyran. Il est bien certain que Thucydide, ni Diodore de Sicile, ne disent rien de semblable ; et je ne crois pas qu’aucun bon auteur parmi les anciens ait touché cela. Un prince demande-t-il des tragédies sur son sujet ? Un poëte de cour ne peut-il pas faire des tragédies agréables à son maître, en mettant à part les cruautés de ce maître ? 9o. Le favori qui tua Archélaüs se nomme Cratérus dans Diodore de Sicile [2] : c’est donc le nom qu’il eût fallu lui donner, et non pas celui de Crateus, ou de Cratevas, puis qu’on ne cite pour cela que Diodore de Sicile. 10o. La même raison me fait soutenir qu’on n’a pas dû débiter qu’il fit une conspiration contre Archélaüs, et qu’il le tua, pour se venger d’un manquement de parole. Le continuateur de Moréri conte qu’Archélaus promit sa fille à ce favori, et la donna à un autre. Puisqu’il ne cite que Thucydide et Diodore de Sicile, dont le premier n’a pas dit un mot de cela, et le dernier a rapporté que le favori blessa son maître par mégarde [3], il mérite un peu de censure ; car je conviens que, s’il eût cité Aristote, il eût été hors d’affaire. Voyez la remarque précédente. 11o. Diodore qu’il cite nomme Orestes celui qui régna après Archélaüs [4] : pourquoi donc nous vient-on dire que ce prince eut un fils de même nom qui lui succéda ? 12o. Cet historien ajoute qu’Orestes était dans l’enfance, et qu’il fut tué par son tuteur Ærope, qui régna ensuite six ans. Pourquoi donc lui fait-on dire qu’Archélaüs II, fils d’Archélaüs Ier., succéda à son père, et ne régna que quatre ans, et fut tué à la chasse par Cratérus l’un de ses confidens, lequel s’empara ensuite de la couronne, mais il n’en jouit que trois jours ? Autant de paroles, autant de fautes.

  1. Dans la remarque (C).
  2. Diod. Sicul., lib. XIV, cap. XXXVII.
  3. Ἀρχέλαος ὁ βασιλεὺς ἔν τινι κυνηγίῳ πληγεὶς ἀκουσίως ὑπὸ Κρτεροῦ τοῦ ἐρωμένου. Archelaus rex venationi indulgens à Cratero quem in deliciis habebat imprudenter sauciatus. Diodor. Siculus, lib. XIV, cap. XXXVII.
  4. Idem, ibidem.

ARCHÉLAÜS, roi de Cappadoce, au temps d’Auguste, était arrière-petit-fils d’Archélaüs, Cappadocien de nation [a], général d’armée en Grèce pour Mi-

  1. Plutarch., in Syllâ, pag. 466, C.