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ARCHÉLAÜS.

thridate contre Sylla. Ce général, qui s’était tant signalé à la défense du Pirée [a], abandonna le parti de Mithridate dans la seconde guerre, et prit celui des Romains. Il laissa un fils nommé comme lui Archélaüs qui, sur la nouvelle que les Romains allaient attaquer les Parthes, se rendit auprès de Gabinius, gouverneur de Syrie, pour avoir part à l’expédition [b]. Le sénat changea de dessein : l’armée de Gabinius fut destinée au rétablissement du roi d’Égypte [c], qui avait imploré l’assistance du peuple romain, pour recouvrer la couronne sur sa propre fille Bérénice. Archélaüs accompagna Gabinius dans cette guerre ; mais il le quitta pour s’en aller à Alexandrie, où il épousa Bérénice (A). Il ne posséda pas longtemps la couronne qu’il acquit par ce mariage ; car il perdit la vie au bout de six mois [d], dans un combat contre les troupes de Gabinius, l’an de Rome 698 (B). Il avait obtenu de Pompée une dignité fort honorable (C) : c’était le pontificat de Comane dans la Cappadoce [e]. Son fils Archélaüs la posséda après lui [f], jusqu’à ce que César la lui eût ôtée, l’an 707 de Rome, pour la donner à un autre (D). On ignore la suite de ses aventures ; mais on sait qu’il fut marié à une très-belle femme, nommée Glaphyra, et qu’il en eut deux garçons, dont l’un s’appelait Sisinna, et l’autre s’appelait Archélaüs. Le premier disputa le royaume de Cappadoce à Ariarathes, qui le possédait. Marc Antoine fut juge de ce différent, l’an 713 de Rome, et le termina selon les désirs de Sisinna [g]. Le beau sexe avait trop de pouvoir sur lui, et Glaphyra était une trop belle femme, pour que le procès eût une autre issue. Il y a des historiens qui la traitent de courtisane [h] : c’est le moyen de faire beaucoup mieux comprendre pourquoi Marc Antoine jugea si favorablement pour Sisinna : mais quelque vraisemblance qu’il y ait dans ces médisances, il ne serait pas impossible que l’amitié de Marc-Antoine pour cet Archélaüs qui épousa Bérénice [i] l’eût fait agir. On ne sait point ce que Sisinna devint : on sait seulement qu’Ariarathes remonta sur le trône de Cappadoce ; car il fallut que Marc Antoine l’en chassât l’an 718 de Rome : et alors il conféra ce royaume à Archélaüs, autre fils de Glaphyra [j]. C’est celui qui paraît à la tête de cet article. Il devint fort puissant [k], et il témoigna sa reconnaissance à Marc Antoine son bienfaiteur, en lui amenant de bonnes troupes durant la guerre Actiaque [l]. Il fut si heureux, que cela ne le mit point mal dans l’esprit d’Auguste : on le laissa possesseur de la Cappadoce, et il fut presque le

  1. Appian., in Mithridat. Voyez la dernière remarque.
  2. Strabo, lib. XII, pag. 384, et lib. XVII, pag. 547. Dio, lib. XXXIX.
  3. Il s’appelait Ptolomée Aulètes.
  4. Strabo, lib. XVII, pag. 547.
  5. Idem, lib. XII, pag. 384.
  6. Idem, ibid.
  7. Appian., lib. V Belli civilis, pag. 675.
  8. Voyez l’article Glaphyra.
  9. Plutarchus, in Antonio, pag. 917.
  10. Dio, lib. XLIX, pag. 469.
  11. Voyez la remarque (L), à la fin.
  12. Plutarchus, in Antonio, pag. 944.