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ARCHÉLAÜS.

seul à qui l’on fit de pareilles grâces [a]. Il aida Tibère, l’an 734, à rétablir Tigranes dans l’Armémie [b], et il obtint d’Auguste la petite Arménie, et une bonne partie de la Cilicie [c]. Il établit sa résidence dans l’île d’Éleuse (E), proche de la côte de Cilicie ; et s’étant marié avec Pythodoris, veuve de Polémon, roi du Pont, il augmenta considérablement sa puissance ; car, comme les fils de Polémon n’étaient encore que des enfans, il eut sans doute l’administration de leur royaume conjointement avec leur mère (F). Il se signala d’une manière éclatante à faire sa cour à Caïus César, envoyé dans l’Orient par Auguste son grand-père [d]. Cela lui fut très-funeste dans la suite (G) : car Tibère, se souvenant qu’il n’avait reçu aucune civilité de lui pendant son séjour à Rhodes, et qu’au contraire Caïus César en avait reçu mille honneurs, s’en voulut venger dès qu’il se vit maître de Rome ; et pour cet effet, il le cita, et lui donna le sénat pour juge (H) des accusations qu’on aurait à lui intenter. L’âge, la goutte, et plus que tout cela l’indignité du traitement, le firent bientôt mourir (I), encore que le sénat n’eût rien prononcé contre lui. On croit qu’il évita l’arrêt du sénat, en faisant semblant d’extravaguer (K). Il mourut l’an de Rome 770, le 52e. de son règne, après quoi la Cappadoce fut réduite en province (L). On se vantait d’une très-ancienne et très-glorieuse race dans sa maison (M). Nous dirons dans l’article de Glaphyra quelque chose de ses descendans. Il n’est pas hors d’apparence qu’il ait composé des livres (N). L’adresse dont il se servit pour apaiser l’indignation farouche d’Hérode envers Alexandre son fils, témoigne qu’il savait faire des tours de maître [e]. Quelques-uns l’ont confondu avec Archélaüs fils d’Hérode (O). Je n’ai point trouvé qu’Eutrope dise ce qu’un auteur moderne lui impute ; savoir qu’Archélaüs légua son royaume, en mourant, au peuple romain, et que ce fut sur ce titre que la Cappadoce fut réduite en province [f]. M. de Tillemont pouvait être très-assuré d’une chose dont il doute [g] ; c’est que le même Archélaüs, qui était roi de Cappadoce, obtint par la faveur d’Auguste une partie de la Cilicie, et l’Arménie mineure. M. Moréri a fait plusieurs péchés d’omission dans cet article. Son continuateur n’en a fait qu’un de commission ; mais qui en vaut quatre, tant il est énorme (P). On verra ce que c’est dans la dernière remarque de cet article.

  1. Dio, lib. LI, initio.
  2. Josephus, Antiquitates, lib. XV, cap. V.
  3. Dio, lib. LIV, ad ann. 734. Vide etiam Strabonem, lib. XII, pag. 368 et 382, et lib. XIV, pag. 461.
  4. L’an de Rome 753.
  5. Joseph. Antiquit., lib. XVI, cap. XII, et de Bello Judaïco, lib. I, cap. XVII.
  6. Noldius, de Vitâ et Gestis Herodum, pag. 194.
  7. Histoire des Empereurs, tome I, pag. 33.

(A) Il épousa Bérénice. ] Nous ferons un article de cette princesse, où nous examinerons si le père Noris a dû dire qu’elle attira Archélaüs, en lui promettant de l’épouser.

(B) Il perdit la vie dans un combat