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ARÉTIN.

vreux, et qui devint cardinal et évêque d’Aversa en Italie. Ils étaient à peu près contemporains ; car Guitmond est mort environ l’an 1080. C’est lui qui a fait trois livres de Veritate corporis et sanguinis Christi in Eucharistiâ, adversùs Berengarium, qui ont été imprimés à part, et dans la Bibliothéque des Pères [1]. La cause que j’assigne de cette erreur est si vraie, que le même Vossius dit expressément, en un autre endroit, qu’en 1070, sous le pontificat de Grégoire VII, a fleuri Guido, ou Guidmond, natif d’Arezze, patriâ Aretinus, premièrement moine dans le monastère de Saint-Leufred, au diocèse d’Évreux, en Normandie, et puis cardinal et évêque d’Aversa ; qu’il composa, pendant qu’il fut moine, deux traités de musique, l’un en vers, l’autre en prose, et que c’est le même qui a fait trois livres contre Bérenger [2].

  1. Vide Labbeum, de Script. Ecclesiast., tom. I, pag. 403.
  2. Vossius, de Scient. Mathem., pag. 95.

ARÉTIN (Jean), surnommé Tortellius, passe pour l’un des savans hommes du XVe. siècle. Il composa une Vie de saint Athanase (A), à la prière du pape Eugène IV. Il fut admis à la confidence de Nicolas V, dont il était camérier [a]. Il était agréable en conversation, et il se distingua glorieusement des autres savans ses contemporains, en ne déshonorant pas, comme ils faisaient, par des disputes violentes et injurieuses, la profession des belles-lettres. Il était principalement versé dans la connaissance de la grammaire, comme il le témoigna par son livre de Potestate Litterarum (B). La Bibliothéque de Gesner rapporte les titres de plusieurs autres ouvrages de Tortellius ; mais on y a oublié un Lexicon, qu’il avait fait [* 1], et qui est cité par Magius [b]. Laurent Valle était fort de ses amis, et lui a dédié ses livres de Latinâ Elegantiâ (C). Vossius, qui assure qu’il était frère de Charles Arétin [c], se tromperait fort, s’il n’en avait point d’autre preuve que les paroles de Volaterran, auquel il semble nous renvoyer. Volaterran ne dit rien de cette fraternité prétendue (D).

Il y a de bons connaisseurs qui croient que Tortellius n’avait qu’une médiocre littérature, même pour son temps ; mais comme il était né fort officieux, et qu’il occupait auprès du pape un poste considérable, les beaux esprits de ce temps-là lui donnèrent de grandes louanges, dont quelques-uns ensuite se rétractèrent. Philelphe fut de ce nombre (E). Je dirai ailleurs [d] que Tortellius fut bibliothécaire de Nicolas V.

  1. * Bayle, dit Joly, de même que ceux qui ont parlé des écrits de J. Arétin, a oublié qu’il a traduit quelques Vies de Plutarque, imprimées à Rome, 1470, in-folio, Paris, 1521, in-folio, Bâle, 1542, et 1544, in-fol. Joly cite, d’après la Bibl. manuscriptorun nova de Montfaucon, trois autres ouvrages de J. Arétin ; et il ajoute qu’il croit que c’est un autre Jean Arétin, médecin, qui serait auteur d’une histoire manuscrite de la médecine (dont parle le père Niceron, au tome XXV de ses Mémoires) et de deux autres écrits aussi manuscrits, cités par Montfaucon.
  1. Jovius, Elogior. cap. CVIII.
  2. Magius, Miscellan., lib. II, cap. XIV.
  3. Vossius, de Hist. Lat., pag. 579.
  4. Voyez dans l’une des remarques de l’article Nicolas V, le passage de la Ire. Lettre du livre XXVI de Philelphe. [ Bayle n’a pas donné d’article à Nicolas V ; mais voyez la note ajoutée sur la remarque E.]

(A) Il composa une Vie de saint Athanase. ] Paul Jove insinue assez clairement que Tortellius ne fit que la traduire en latin : Divi Athanasii Vitam Eugenio expetenti latinam fe-