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ARÉTIN.

Ceci m’a été communiqué par M. de la Monnoie. Rapportons les paroles de Volaterran, et celles de Vossius ; on verra si le dernier a pu se fonder sur le premier : Carolus et Joannes Aretini nobilia temporis illius ingenia, quorum alter scriba Florentinorum Leonardo successit : alter Joannes cognomento Tortellius romanæ ecclesiæ subdiaconus apud Eugenium quartum fuit [1]. Voici ce que Vossius rapporte : Joannes Aretinus cognomento Tortellius Caroli Aretini, qui post Leonardum Aretinum scriba Florentinorum fuit, frater, romanæ ecclesiæ subdiaconus apud Eugenium IV... præter grande de orthographiâ volumen, etiam Athanasii Vitam.… consarcinarvit, ut præter Jovium auctor est Volaterranus lib. XXI Anthropol. ubi et hosce Aretinos fratres nobilia illius temporis ingenia appellat [2]. Si l’on s’était contenté de dire qu’ils étaient parens, on aurait pu se fonder sur ces paroles de Philelphe : Putabam Carolum Arretinum rediisse mecum in gratiam. Ità enim Joannes Arretinus ejus necessarius tuis verbis mihi renunciârat [3] ; car quoique necessarius se prenne quelquefois pour ami intime, Philelphe, cependant, et la plupart des écrivains de ce temps-là ne l’emploient jamais que dans le sens de parent, ou d’allié. Cette observation est de M. de la Monnoie.

(E) Philelphe fut du nombre de ceux qui se rétractèrent des louanges qu’ils avaient données à J. Arétin. ] Je citerai dans l’article de Nicolas V une lettre de Philelphe, datée du 1er. d’août 1465, où la littérature latine et grecque de Tortellius est bien louée [* 1]. Mais voici ce que le même Philelphe écrivit le 29 de mai 1473 : Video quosdam nostræ tempestatis homines, qui cùm magnum de se quiddam voluerunt in arte grammaticâ profiteri, in maximos errores devenerunt. E quorum numero principatum mihi tenere visus est Joannes Tortellius Aretinus, qui cùm et græcam et latinam litteraturam novisse videri vult, utramque ignoravisse apertissimé declarat [4].

  1. * Bayle n’ayant pas donné l’article Nicolas V, voici du moins le passage qu’il avait promis et qu’a transcrit Joly : vir gravis ac disertus Joannes Tortellius, Arretinus, quem propter eruditionem latinæ græcæque litteraturæ, nobilissimæ illi sua Bibliothecæ idem Nicolaus Quintus præfecerat, etc. Cette lettre, dit Joly, est la première du livre XXVI.
  1. Volaterranus, lib. XXI, pag. 773.
  2. Vossius, de Hist. Lat., pag. 579.
  3. Philelphus, Epist., lib. IX.
  4. M. de la Monnoie m’a fourni ceci.

ARÉTIN (Léonard) est plus connu sous ce nom qui lui a été donné à cause qu’il était d’Arezze, que sous celui de Brunus, ou Bruni, qui était son nom de famille [* 1]. Il a été un des plus habiles hommes du XVe. siècle (A). Il apprit le grec sous Émanuel Chrysolore, comme il le raconte lui-même [a] ; et ayant fait connaître son mérite au pape Innocent VII, il en obtint, quoique jeune, la charge de secrétaire des brefs, de laquelle il s’acquitta dignement sous ce pontificat, et sous les quatre suivans [b]. Il fut ensuite secrétaire de la république de Florence [c], et amassa beaucoup de biens [d], tant parce qu’il vécut dans le célibat [e], que parce qu’il fut excessivement bon ménager. Il traduisit de grec en latin quelques Vies de Plutarque (B), et la Morale d’Aristote. Il composa trois livres de la Guerre Punique, qui peuvent servir de supplément à quelques-uns de ceux qui nous manquent de Tite-Live (C). Il composa aussi l’Histoire des choses qui se

  1. * Chaufepié contient quelques particularités extraites, soit du Poggiana, de Lenfant, soit de sa préface de l’Histoire du Concile de Pise.
  1. Leon. Aretinus, Histor. Rer. Italicarum. Vide etiam Jovium, Elogior. cap. XXIII.
  2. Jovius, Elogior., cap. IX.
  3. Leand. Alberti Descript. Italiæ.
  4. Jovius, Elogior., cap. IX.
  5. Volaterranus, lib. XXI, pag. 772.