Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T02.djvu/303

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
293
ARÉTIN.

firent de son temps en Italie (D), celle de la République de Florence, celle de l’ancienne Grèce (E), et celle des Goths. Mais cette dernière, qui lui fit beaucoup d’honneur, pendant que l’on ignora qu’il n’avait fait que la traduire du grec de Procope, attira sur sa mémoire une espèce d’infamie [a], dès qu’on sut après sa mort, par les soins de Christophe Persona [* 1], que Procope, dont il avait supprimé le nom en s’appropriant son travail, était le véritable auteur de cette histoire des Goths (F). Il composa plusieurs autres livres, dont on peut voir le catalogue dans la Bibliothéque de Gesner, et mourut l’an 1443, âgé de soixante-quatorze ans (G), à Florence, où l’on voit son tombeau de marbre dans l’église de Sainte-Croix [b]. Pogge fut un de ceux qui le critiquèrent (H). M. De la Mare, conseiller au parlement de Dijon, publia en 1653 un catalogue des livres de Léonard Arétin, lesquels il avait dessein de faire imprimer. Je ne pense pas que la chose ait jamais été exécutée [* 2]. J’ai ouï dire, qu’on a trouvé depuis peu, parmi les manuscrits de la bibliothéque d’Oxford, un exemplaire de lettres de Léonard Arétin, où il y a XL lettres qui n’ont jamais été imprimées, et que cela pourra bien donner l’envie de travailler à une nouvelle édition [* 3].

  1. * Le Journal des Savans (novembre 1742), remarque que L. Arétin reconnaît avoir mis Procope à contribution ; que d’ailleurs Pogge l’avait dit avant Persona. C’est au reste encore Vossius qui a induit ici Bayle en erreur.
  2. * Elle ne l’a pas été quoique La Mare ne soit mort qu’en 1687.
  3. * J.-A. Fabricius donna en 1724 une édition des Épîtres de L. Arétin. Elle laissait encore beaucoup à désirer ; et L. Melius en donna une nouvelle édition beaucoup plus ample et plus correcte, et augmentée de deux livres, Florence, 1741, deux parties, in-8o. On en rend compte dans le Journal des Savans, de novembre 1742, pag. 660 et suiv.
  1. Jovius, Elogior. cap. IX et CXVI.
  2. Idem, ibid., cap. IX.

(A) Il a été un des plus habiles hommes du XVe. siècle. ] Selon Paul Jove, c’est Léonard Arétin qui a le premier rétabli en Italie l’éclat de la langue grecque [1]. Philelphe lui donne beaucoup d’éloquence, et un grand fonds de génie et d’érudition [2]. Pogge [3] et Laurent Valla [4] l’ont mis au-dessus de tous ses contemporains en matière d’éloquence et de science ; mais Floridus Sabinus le loue un peu plus sobrement, et ne donne pas une idée avantageuse de son latin [5] ; à quoi Érasme ne s’accorde pas trop mal [6]. Enée Silvius loue beaucoup notre Arétin dans sa lettre LI, et nous apprend que les Florentins avaient conféré sa charge à Pogge. Sur cela, Vossius remarque qu’Énée Silvius et Léandre Albert ne s’accordent pas, celui-ci disant, dans sa Description d’Italie, que Charles Arétin succéda à Léonard dans le secrétariat de la république de Florence. Voyez ci-dessus l’article de (Charles) Arétin [7], où nous prouvons par Énée Silvius lui-même, que Léandre Albert a raison.

(B) Il a traduit quelques Vies de Plutarque. ] Savoir : celle de Paul-Émile, celle des deux Gracques, celle de Pyrrhus, celle de Sertorius, celle de Démosthène, celle de Marc Antoine, et celle de Caton d’Utique [8]. Les imprimeurs ont fait une étrange bévue dans le Dictionnaire de Moréri, en mettant Vers de Plutarque pour Vies de Plutarque.

  1. Jovius, Elog., cap. IX, pag. 27.
  2. Philelphus, Conviviorum lib. I, et Epist. ad eum scripta.
  3. Poggius, in Philelph. Invect. II.
  4. Apud Philelph. Invect. I, in Vallam.
  5. Flor. Sabin. advers. Calumniat, Ling. Lat.
  6. Erasm., in Ciceron.
  7. Dans la remarque (B).
  8. Gesner., in Biblioth.