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ARION.

saient que Neptune, voulant procurer aux hommes les utilités que les chevaux étaient capables de leur apporter, donna un coup de trident sur la terre dans la Thessalie, et en fit sortir subitement deux chevaux dont l’un fut notre Arion [a]. D’autres disaient que Neptune, disputant avec Minerve à qui nommerait la ville d’Athènes, il fut dit par les dieux, que celui qui ferait un meilleur présent aux hommes donnerait son nom à cette ville. Là-dessus, Neptune frappa le rivage, et en fit sortir un cheval (A) ; mais Minerve produisit un olivier, et remporta la victoire, parce qu’on jugea que la paix, dont l’olivier est le symbole, vaut mieux que la guerre, à quoi le cheval est propre. Or il y en a qui prétendent que le cheval, qui fut produit par Neptune en cette rencontre, eut nom Arion. D’autres disent que ce cheval eut Cérès pour mère, et Neptune pour père [b]. Cette déesse, errant par le monde, pour chercher sa fille, rencontra Neptune, qui lui parla fortement d’amour ; de sorte que, comme elle ne se trouva point disposée à le contenter, elle jugea à propos de prendre la forme d’une cavale. Ceci se passa auprès de la ville d’Oncium dans l’Arcadie. Cérès eut beau paître parmi d’autres animaux, Neptune ne laissa pas de la discerner, et de jouir d’elle métamorphosé en cheval. Elle s’en ficha d’abord, et puis s’apaisa, et se lava dans la rivière voisine. Elle eut de Neptune, non-seulement une fille, dont il n’était pas permis de dire le nom aux profanes, mais aussi notre cheval Arion. Il y en a qui disent qu’elle était sous la forme d’une furie, lorsque Neptune l’engrossa de ce cheval, ou qu’en effet une furie le procréa du fait de Neptune (B). Le poëte Antimachus, cité par Pausanias, ne lui donne point d’autre origine que la terre dans l’Arcadie : mais Quintus Calaber le fait fils du vent Zéphire, et d’une harpie (C). Quoi qu’il en soit, on a cru qu’il avait été nourri par les Néréides (D), et qu’étant quelquefois attelé avec les chevaux marins de Neptune au char de ce dieu, il l’avait traîné avec une vitesse incroyable par toutes les mers [c]. Il avait cela de rare, que du côté droit ses pieds ressemblaient à ceux d’un homme [d]. Hercule le montait lorsqu’il prit la ville d’Élide, et puis il en fit présent à Adraste. C’est ce que nous apprend Pausanias, qui ajoute qu’Antimachus en faisait Adraste le troisième possesseur (E). Hésiode le représente au service d’Hercule dans le combat contre Cygnus [e]. Stace dit en général qu’il servit Hercule dans ses travaux, et qu’après cela les dieux le donnèrent à Adraste [f]. Probus attribue à Neptune tout l’honneur de ce présent [g]. C’est sous ce dernier maître qu’Arion s’est le plus signalé : il gagna le prix de la course aux

  1. Lutatius, in Statii Theb., lib. IV, vs. 43.
  2. Pausan., lib. VIII, pag. 257.
  3. Stat. Theb., lib. IV, vs. 308.
  4. Lutat., in Stat. Theb., lib. VI, vs. 302.
  5. Hesiod., in Clypeo Herculis.
  6. Statius, Thebaidos lib. VI, vs. 308.
  7. Probus, in Virgil. Georg. I.