Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T02.djvu/399

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
389
ARNAULD.

suffit point de parer les premiers coups, il faut aussi satisfaire aux instances, jusqu’à ce que tous les doutes soient bien éclaircis. Or c’est de quoi l’hypothèse d’Arminius, ni celle des molinistes, ni même celle des sociniens, ne sont point capables [1]. La méthode des arminiens n’est propre qu’à faire obtenir quelque avantage dans ces préludes de combat où l’on détache des enfans perdus pour escarmoucher ; mais quand on en est à un combat décisif, il faut qu’elle se retire comme les autres derrière les retranchemens du mystère incompréhensible.

(F) Ses écrits. ] En voici les titres : Disputationes de diversis christianæ religionis capitibus ; Orationes, itemque Tractatus insigniores aliquot ; Examen modestum libelli Guilhelmi Perkinsii de Prædestinationis modo et ordine, itemque de amplitudine Gratiæ divinæ ; Analysis capitis ix ad Romanos ; Dissertatio de vero et genuino sensu cap. VII. Epistolæ ad Romanos ; Amica Collatio cum D. Francisco Junio, de Prædestinatione, per litteras habita ; Epistola ad Hippolytum à Collibus ; etc.

  1. Voyez M. Jurieu, au Jugement sur les Méthodes rigides et relâchées d’expliquer la Grâce.

ARNAULD [* 1], famille noble et ancienne d’Auvergne. Il y a plus de deux cents ans qu’une fille de cette maison fut mariée à un seigneur de la Fayette, petit-fils de celui qui était maréchal de France sous Charles VI. Henri Arnauld épousa, vers l’an 1480, Catherine Bariot, parente de celui qui fut conseiller au parlement de Paris, et maître des requêtes, sous Louis XI [a]. Peu de temps après ce mariage, il vint s’établir à Riom, où il fut attiré, avec plusieurs autres personnes de mérite, par Pierre de Bourbon comte de Beaujeu (A), qui y faisait sa résidence ordinaire. Ce prince était marié avec Madame Anne de France, fille de Louis XI, laquelle gouvernait absolument l’esprit de Charles VIII son frère, et était régente pendant sa minorité. Henri Arnauld se fit estimer du comte et de la comtesse de Beaujeu. Il devint écuyer du comte, et gouverneur de la ville et du château de Hermant. C’était le lieu de sa naissance, à huit lieues de Riom, sur les frontières de la Marche du Limosin, près d’Ussel. Ce gouvernement lui fut continué par le connétable de Bourbon, gendre du comte de Beaujeu. La charge d’écuyer lui fut aussi conservée. Il rendit un très-grand service à ce connétable, en faisant ferrer ses chevaux à rebours [b], lorsque François Ier., qui le traitait de rebelle, envoya des gens pour le prendre. Ces gens-là, jugeant par la trace des chevaux qu’il état parti du lieu où au contraire il s’était caché, allèrent courir inutilement où il n’était pas. Henri Arnauld avait lié une amitié très-étroite avec Florimond de Robertet, secrétaire du comte de Beaujeu, et depuis secrétaire d’état sous François Ier., et il ne tint qu’à lui de procurer à son fils un mariage très-avantageux par la générosité de cet

  1. * Les nouveaux éditeurs de la Bibliothéque Historique de la France, par le père Lelong, tome II, n°. 29087, disent qu’il fallait écrire Arnaud. Au n°. 19779 ils avaient dit que ce fut Antoine Arnauld, docteur de Sorbonne, né en 1612 (dont on verra l’article ci-après) qui ajouta une l à son nom, et que quelques-uns de ses parens l’ont imité. En traduisant son nom en latin, Antoine avait écrit Arnaldus.
  1. De lui sont sortis M. Bariot, marquis de Moussy, et MM. Bariot, comtes d’Honneuil et du Masy.
  2. On voit dans les Galanteries des rois de France, imprimées en Hollande l’an 1694, à la page 189 du premier tome, que la maison d’Arnauld fut pillée à cause de cette ruse.