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ARNAULD.

de ce professeur de Sorbonne, il voulut étudier cette matière dans saint Augustin, et il préféra le système de ce docteur de la grâce à celui de M. l’Escot. C’est ce qu’il témoigna publiquement par la tentative qu’il soutint l’an 1636, pour prendre le degré de bachelier [a]. Il employa à l’étude les deux années d’intervalle qui se doivent trouver, selon les lois de la faculté de Paris, entre la tentative et la licence ; après quoi, il commença les actes de sa licence à Pâques de l’an 1638, et les continua jusqu’au carême de 1640. Il soutint l’acte de vesperies le 18 de décembre 1641, et le lendemain il prit le bonnet de docteur. Il avait composé et enseigné publiquement un Cours de philosophie durant sa licence [b]. À la fin de ce cours de philosophie, qu’il régenta à Paris dans le collége du Mans, il fit soutenir des thèses où il témoigna d’une manière fort remarquable sa bonne foi, sa docilité, son humilité (B). Il fut ordonné prêtre aux quatre temps de septembre de 1641, et il célébra sa première messe le jour de la Toussaint de la même année, après une retraite de quarante jours...... Il avait commencé sa licence, sans avoir eu dessein d’être de la maison de Sorbonne..... Il s’était contenté de jouir des droits de l’hospitalité qui lui donnaient la liberté de loger dans la maison [c] ; mais les principaux docteurs l’ayant fort pressé de penser sérieusement à y entrer, et lui ayant promis que, pourvu qu’il régentât un cours de philosophie, on ne prendrait point garde à la circonstance du temps, il entre prit cette affaire, sans s’arrêter à l’obstacle qui se présentait, c’est qu’étant en sa licence, le temps dans lequel les statuts prescrivent que soit fait le cours de philosophie était passé... Les deux années de ce pénible travail étant achevées, il supplia la maison de l’admettre à la preuve de son cours, et de délibérer sur l’honneur qu’il lui demandait d’être reçu dans cet illustre corps. M. l’Escot trouva là une occasion de se venger. Il n’avait point appris au cardinal de Richelieu, son pénitent, à pardonner, et il avait appris de son pénitent à ne pardonner pas [d]. Il empêcha que M. Arnauld ne fût admis à la société de Sorbonne (C). Il n’eut pas le même crédit après la mort du cardinal ; mais s’il fut contraint de voir entrer ce jeune docteur dans cette société, l’an 1643, il n’oublia pas de travailler à l’en exclure, dès que l’occasion lui en fut offerte. Le livre de la Fréquente Communion publié par M. Arnauld [* 1], l’an 1643, déplut extrêmement aux jésuites. Ils le réfutèrent, et dans leurs

  1. * Leclerc prétend que dans cet ouvrage il n’y a guère que le style qui soit de M. Arnauld. Il dit que l’ouvrage est en partie de l’abbé de Saint-Cyran, et en partie de M. Lemaistre et de M. de Sacy, son frère : mais ce fut Arnauld qui le publia.
  1. Cette Thèse fut dédiée au clergé de France assemblé alors à Paris.
  2. Notez une chose, que l’auteur que je copie ne distingue pas, c’est que M. Arnauld ne commença de régenter ce cours de philosophie, que la deuxième année de sa licence.
  3. Il y avait été admis le 31 d’octobre 1636. Causæ Arnald. Præf., pag. xxvj.
  4. Il fut confesseur du cardinal de Richelieu, et puis évêque de Chartres.