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ARNAULD.

Perpétuité défendue à M. Arnaud, et la Réponse générale au second livre de M. Claude à M. Nicolle. La Question curieuse ne dit rien de positif sur cela, parce que l’énumération qu’on y trouve des écrits de MM. de Port-Royal contre ceux de la religion ne distingue point ceux de M. Nicolle, d’avec ceux de M. Arnauld.

Notez que le premier tome de la Perpétuité défendue fut imprimé l’an 1669, et que l’auteur ayant hésité pendant un an s’il répondrait au livre de M. Claude, commença à y travailler au mois de janvier 1667, et acheva ce premier volume au mois de juin 1668 [1]. Notez aussi qu’on le donne à M. Arnauld dans quelques-unes des approbations qui se voient à la tête de l’ouvrage. Cela doit ôter toute incertitude.

II. L’auteur de l’Esprit de M. Arnauld attribue à ce docteur le second volume de la Morale pratique, mais il n’en donne aucune raison. M. Arnauld l’a démenti publiquement. Il est certain, a-t-il dit [2], que M. Arnauld n’est point auteur de la Morale pratique. Les jésuites ne la lui attribuent... que sur la foi de M. Jurieu, cet homme si décrié par ses faussetés et ses mensonges, et qui n’impute cette Morale à M. Arnauld, que comme il fait beaucoup d’autres pièces, auxquelles tout le monde sait qu’il n’a pas eu la moindre part. L’accusateur ne s’est pas mis en devoir depuis ce temps-là de justifier ce qu’il avait dit ; l’équité veut donc qu’on juge que c’est une fausse imputation. Il faut bien que les preuves en soient difficiles à donner, puisque M. l’évêque de Malaga n’en parle qu’en doutant, sur la seule autorité de M. Jurieu. Modo sit Arnaldus, dit-il [3], ut innuit Petrus Jurieu in suo Spiritu. L’auteur de la Défense des nouveaux Chrétiens, qu’on croit être le père le Tellier, l’une des meilleures plumes de l’ordre, a été plus décisif que le prélat, quoiqu’il ne paraisse pas avoir d’autre caution que M. Jurieu. C’est pour cela que M. Arnauld lui fait une rude réprimande, et qu’il l’accuse d’un jugement téméraire, qui blesse le plus la charité et la justice, si on en considère bien les circonstances. La seule raison, ajoute-t-il [4], que vous ayez de l’en faire auteur est le témoignage d’un homme que vous dites vous-même être indigne de toute créance, et si décrié pour ses mensonges, qu’il n’est capable que de faire douter des vérités les plus claires, quand il les avance.

III. Le journal de Leipsick attribue à M. Arnauld les Préjugés légitimes contre les calvinistes [5]. C’est pourtant M. Nicolle qui en est l’auteur, selon l’opinion générale de tous ceux qui sont les mieux instruits de ces sortes de particularités : et c’est à lui nommément que l’abbé de Ville l’attribue [6], dans la préface du livre dont j’ai fait mention ci-dessus, où il rétorque contre MM. de Port-Royal les Préjugés dont ils se sont servis contre la réforme. La preuve dont se servent MM. de Leipsick, n’est pas bonne ; car bien que l’évêque de Condom et celui de Grenoble, donnent leur approbation par un même acte aux Préjugés légitimes, et à trois autres livres dont l’un est constamment de M. Arnauld, ils ne prétendent pas que les autres le soient aussi. On les a joints ensemble, parce qu’ils étaient sortis tous quatre de Port-Roval presque en même temps. Ces quatre livres sont les Préjugés légitimes, la Réponse générale à M. Claude, le Renversement de la Morale, et le second tome de la Perpétuité défendue.

IV. On a imprimé à Anvers [7], en 1689, la Défense de l’église contre le livre de M. Claude intitulé la Défense de la Réformation. Les journalistes de Leipsick conjecturent que c’est un ouvrage de M. Arnauld [8] ; mais il vient d’une autre main, savoir du père d’Antecourt, religieux de Sainte-Geneviève, chancelier

  1. Voyez sa préface.
  2. Lettre d’un Théol. sur la Déf. des nouv. Chrétiens, pag. 2.
  3. Catholic. Querim., pag. 103.
  4. Tom. III de la Morale pratique, pag. 36.
  5. Acta Eruditor., Lips., ann. 1683, pag. 438, 450 ; et dans l’Index, pag. 561, ann. 1690, pag. 18, 595.
  6. Il le nomme mal Nicol. Que l’on attribue justement, dit-il, à M. Nicol, un des plus polis écrivains de Port-Royal.
  7. Le titre porte : à Cologne, chez Pierre Marteau.
  8. Acta Eruditor. Lipsiens., ann. 1690, pag. 18, et dans l’Index, pag. 611.