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ARNGRIMUS. ARNISÆUS.

sence d’esprit, selon les occasions qui naissaient dans la conversation [1]. Disons donc que ses entretiens n’étaient simples et vulgaires que lorsqu’il était avec des gens qui n’avaient pas avec lui une liaison d’habitude, et qui ne l’engageaient point par leurs questions à étaler ce qu’il savait.

(EE) On prétend qu’il est devenu l’apôtre du jansénisme en Hollande. ] Il parut en 1698 un petit livre [2] où l’on assure [3] que M. Arnauld, après avoir erré quelque temps dans les Pays-Bas catholiques, vint enfin se réfugier en Hollande. M. de Niederkassel, évêque de Castorie, et vicaire apostolique dans les Provinces-Unies, le reçut comme un homme de Dieu, et le logea dans son beguinage de Delft, où M. Arnauld demeura quelques années sans être connu que de ceux qui étaient dans sa confidence. Là, il gouvernait absolument l’esprit du prélat, et celui-ci n’avait rien plus à cœur que de lui adresser tous les jeunes théologiens en qui il trouvait de l’esprit, afin qu’il les formât. Les plus assidus auprès de lui étaient M. de Codde, aujourd’hui archevêque de Sebaste, et successeur de M. de Castorie dans le vicariat apostolique ; M. van Huyssen…. C’est donc proprement dans le beguinage de Delft qu’est né le jansénisme de Hollande, vers l’an 1689.

  1. Histoire abrégée de M. Arnauld, pag. 287, 288.
  2. Intitulé Mémoire touchant le Progrès du Jansénisme en Hollande.
  3. Pag. 8 et 9.

ARNGRIMUS, savant homme, natif d’Islande. Cherchez Jonas.

ARNISÆUS (Henningus), natif d’Halberstad, et professeur en médecine dans l’académie de Helmstad, a été un philosophe et un médecin fort estimé vers le commencement du XVIIe. siècle. On fait beaucoup de cas de ses ouvrages de politique, où il établit un dogme directement opposé à celui d’Althusius (A). Il fut appelé en Danemarck, et s’y transporta, et y eut le grade de conseiller et de médecin du roi [a]. L’académie de Helmstad perdit beaucoup par cette retraite (B). On a débité faussement qu’il fut professeur à Iène (C), et qu’il laissa sa bibliothéque à l’académie de ce lieu-là. On aurait pu dire, sans se tromper, qu’il fit des leçons dans l’académie de Francfort-sur-l’Oder, avant que d’en faire dans celle de Helmstad [b]. Il avait voyagé en France et en Angleterre [c]. Il mourut au mois de novembre 1635 [d]. Je donne les titres de plusieurs de ses ouvrages (D).

  1. Witte, in Diario Biogr. ad ann. 1635.
  2. Arnisæus, præf. lib. de Jure Majestatis.
  3. Idem, ibid.
  4. Witte, Diarium Biograph. ad annum 1635.

(A) Il établit dans ses ouvrages de politique un dogme directement opposé à celui d’Althusius [1]. ] Car il soutenait que l’autorité des princes ne doit jamais être violée par le peuple. Voyez son livre de Authoritate Principum in Populum semper inviolabili, imprimé à Francfort, l’an 1612. Voyez aussi ses trois livres de Jure Majestatis, imprimés au même lieu, l’an 1610, et ses Relectiones Politicæ, imprimées aussi à Francfort, l’an 1615. Il n’acheva point ce dernier ouvrage, qui d’ailleurs a paru très-beau. Opus præclarum, sed imperfectum [2]. Il a donné un catalogue de ceux qui ont soutenu que la souveraineté appartient au peuple, dogme qui, au jugement de Boeclerus, est très-pernicieux, et le pivot des rébellions : A fatali hoc et pestilenti errore.…….. suspensa est omnis illa rebellandi licentia quam variis vocabulis præscribunt [3]. Boeclerus ajoute que c’est une chose déplorable qu’il y ait de très-grands hommes dans cette liste ; et il mar-

  1. Voyez l’article d’Althusius.
  2. Bosius, de Comparandâ Prudentiâ civili, num. 20.
  3. Boeclerus in Grot. de Jure Belli et Pacis, lib. I, cap. III, num. 8, pag. 236.