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ARNOBE.

que les différentes passions qui les ont poussés de ce côté-là : Patronos et præcones nefariæ philosophiæ recensuit Arnisæus principio libri de Auctoritate Principum in Populum semper inviolabiii. Fuisse in illis magnos viros, dolendum : quorum aliquos animus arrogans, elatus, indomitus, ad fingendum et pingendam libertatem stoïco supercilio fortè impulerit : alios metus oppressionis et tyrannidis eo evibraverit, ut potestatem civilem benè constitutam negarent, nisi populo subjiciatur : nonnullis commentitiæ sapientiæ species placuerit, ut tali tanquàm terriculamento reges, ne intyrannidem elaberentur, retentatos cuperent [1]. Si l’on faisait un tel catalogue la présente année 1699, il serait beaucoup plus long ; car le dogme de la supériorité du peuple est devenu à la mode depuis quelque temps. Grotius loue beaucoup un ouvrage politique d’Arnisæus [2].

(B) L’académie de Helmstad perdit beaucoup par la retraite d’Arnisœus. ] C’est ce que témoigne Conringius, qui le qualifie æternum Juliæ academiæ et incomparabile ornamentum [3]. Vir incomparabilis, dit-il en un autre livre [4], à quo civilis philosophia in academiâ Juliâ ut alibi nusquàm, fuit exculta, et simul imperii quoque ut aliarum rerumpublicarum veterum recentiumque historia, etiamsi sparsìm quidem, accuratè tamen satis est inculcata..., illius in Daniam discessu simul utrumque hoc studiorum genus fuerit heic quasi consepultum.

(C) On a débité faussement qu’il fut professeur à Iène. ] Cela se trouve dans une édition d’un écrit de Bosius de Comparandâ Prudentiâ civili. Mais cette édition fut désavouée par la veuve de Bosius. Voyez l’avertissement qu’elle fit mettre au-devant du même livre, quand elle le fit imprimer exempt des fautes qui le défiguraient dans l’édition précédente.

(D) Voici les titres de plusieurs de ses ouvrages. ] Outre les traités de politique dont j’ai déjà fait mention [5], il fit un livre de Subjectione et Exemptione Clericorum ; un autre de Potestate temporali Pontificis in principes ; un autre de Translatione Imperis romani ; un autre de Republicâ ; un autre de Jure connubiorum [6] ; un autre qui a pour titre Doctrina politica in genuinam methodum quæ est Aristotelis, reducta, et ex probatissimis quibusque philosophis, oratoribus, jurisconsultis, historicis, etc.. breviter comportata et explicata. J’ai vu cet ouvrage de l’édition d’Amsterdam, en 1643 : il est très-docte et très-solide. Il écrivit aussi sur la médecine : ses Observationes aliquot anatomicæ furent imprimées à Francfort, l’an 1610, in-4o. Sa dispute de Lue venereâ cognoscendâ et curandâ, le fut à Oppenheim, en la même année, in-4o [7]. Je ne sais point la date de la première édition de ses Disquisitiones de partûs humani legitimis terminis, ni de ses livres de Præservatione à peste, de hydropum Essentiâ et Curatione, de Apoplexiâ et Epilepsiâ cognoscendis et curandis [8]. Quant à ses écrits de philosophie, il faut savoir qu’il fit des Notes sur la Logique de Crellius ; Epitome metaphysices ad mentem Aristotelis, de Constitutione et partibus metaphysicæ ; Vindiciæ pro Aristotele de subjecto metaphysicæ et naturâ entis ; Disputationes viii metaphysicæ ; Epitome doctrinæ physicæ.

  1. Idem, ibid.
  2. Grotius, de Imperio summar. Potestat. circa sacra, cap. III, num. 8.
  3. Conring., de civili Prudentiâ, cap. XIV.
  4. Idem, in Dedicat. Exercitat. de Repub. Imperii German.
  5. Dans la remarque (A).
  6. Voyez le Diarium Biograph. de Witte, ad ann. 1635.
  7. Voyez Lindenius renovatus, pag. 390.
  8. Witte, Diarum Biograph. ad ann. 1635.

ARNOBE, professeur en rhétorique à Sicca, dans la Numidie, vers la fin du IIIe. siècle, fut attiré par des songes à la profession du christianisme [a]. Il s’adressa aux évêques, pour leur demander son admission à l’Église : mais comme ils se souvenaient de la véhémence avec laquelle il avait toujours combattu la vraie foi, ils se défièrent de lui, et avant que de l’admettre au nombre des catéchumènes, ils voulurent qu’il donnât des

  1. Voyez la remarque (A).