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ARTABAN III. ARTABAN IV.

parce qu’ils ne se soumettaient point à lui, qu’à cause qu’ils avaient été rebelles à son père. In quos ut patris sui quoque defectores, irâ magis quàm ex usu præsenti accensus [1]. Quel est ce père, si ce n’est pas Artaban ? Je serais presque tenté de croire que l’Artaban dont parle Tacite [2] était le fils qui avait déjà succédé, ou qui devait succéder au roi Artaban, et que Gotarze, autre fils du roi Artaban, se défit de ce frère, afin de régner, et enveloppa, pour plus grande sûreté, la femme et le fils dans la même ruine que le père. Cette conjecture dissipe toutes les contradictions. Mais voici d’autres diversités entre Josephe et Tacite. Celui-ci fait mourir Gotarze de maladie, et lui donne Vonones pour successeur, auquel il fait succéder son fils Vologèse [3]. Josephe fait périr Gotarze par la trahison de ses sujets, et lui donne pour successeur immédiat son frère Vologèse [4].

  1. Tacit., Annal., lib. XI, cap. VIII.
  2. Inter Gotarzis pleraque sæva (qui necem fratri Artabano conjugique ac filio ejus properaverat, d’autres lisent, præparaverat, undè metus ejus in cæteros) accivêre Bardanem. Tacit., Annal., lib. XI, cap. VIII.
  3. Idem, Annal., lib. XII, cap. XIV.
  4. Joseph. Antiquitat., lib. XX, cap. II.

ARTABAN III, roi des Parthes, successeur, et peut-être fils du Vologèse dont Suétone par le comme d’un bon ami de Néron et de Vespasien, vivait au temps de l’empereur Titus. C’est ce que nous apprenons de Zonaras en cette manière [a]. Il dit qu’un homme d’Asie, nommé Térentius Maximus, prétendant être Néron, persuada cela à quelques personnes dans son pays, et encore à plus de gens vers l’Euphrate, et qu’enfin il se retira auprès d’Artaban, roi des Parthes, qui, étant alors de mauvaise humeur contre Titus, reçut fort bien ce personnage, et se prépara à le rétablir (A).

  1. Zonaras, in Tito, ad ann, circiter 80.

(A) Il reçut bien Térentius Maximus, et se prépara à le rétablir. ] Encore qu’il y ait eu plus d’un faux Néron, bien des gens auront quelque peine à croire qu’il faille distinguer ce Térentius Maximus du fourbe dont Suétone a parlé. Et si l’on objecte que celui-ci ne parut que vingt ans après la mort de Néron, c’est-à-dire, la septième année de Domitien, on répondra que Zonare n’est point incapable de confondre deux règnes l’un avec l’autre, et qu’après tout il serait un peu étrange qu’en si peu de temps deux imposteurs eussent trouvé un grand support au même pays, ou que, l’y ayant trouvé, ils n’eussent pas été tous deux placés dans l’historien qui a parlé de l’un d’eux comme d’un événement singulier. L’unique, dont parle Suétone, trouva beaucoup de support auprès des Parthes : Cùm post viginti annos adolescente me extitisset conditionis incertæ qui se Neronem esse jactaret, tam favorabile nomen ejus apud Parthos fuit, ut vehementer adjutus et six redditus sit [1].

  1. Sueton., in Neron., sub finem.

ARTABAN IV a été le dernier roi des Parthes ; car Artaxerxès, Persan de nation, l’ayant dépouillé de la couronne et de la vie l’an 229, se donna le titre de roi des Perses, que ses successeurs portèrent pendant que cette monarchie dura. Le règne d’Artaban avait été assez glorieux, et s’était fait sentir aux Romains qui, de leur côté, se firent sentir à ce prince. Il avait eu l’imprudence de ne se point tenir sur ses gardes, pendant que l’empereur Sévère ravageait les pays voisins ; il dormait en repos sous le bénéfice de la paix, lorsqu’il vit fondre tout d’un coup les troupes romaines sur ses états. Tout ce