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ATHÉNAGORAS.

n’est-on pas aveugle, si l’on ne voit pas dans cette défense la sagesse du législateur ? Cette loi n’avertissait-elle pas le grand pontife de s’éloigner plus exactement qu’un autre des moindres déréglemens ? car si une femme n’était pas digne de lui, dès qu’elle n’aspirait pas à ce beau degré de perfection et de gloire où elle eût pu parvenir en préférant un chaste veuvage aux secondes noces, si la seule absence de cette vertu relevée, si, dis-je, cette seule absence qui est moins un vice réel que la simple privation d’un mérite distingué, suffisait à faire qu’elle fût indigne d’épouser le grand sacrificateur, n’était-ce point une preuve que Dieu exigeait de lui un éloignement particulier de l’impureté, et un attachement particulier à la conduite la plus exacte ? Lisez ces paroles d’un grand homme : Quin et illa ad declarandam insignem vitæ munditiem pertinent, quòd si quis de stirpe Aaron teneatur profluvio sanguinis, vetatur ad sacerdotis mensam accedere sacrisque vesci panibus : item quòd quicumque vitio maculâve corporis essent deformati, submoventur à sacris ministeriis : rursùs quòd ipse pontifex jubetur virginem suæ gentis ducere, à viduâ, repudiatâ, ac prostitutâ, abstinere. Don statìm quod plebi licet, dicet et sacerdoti : multitudini multa conceduntur, à sacerdote summa requiritur puritas in omni vitæ portione [1]. Le même esprit a régné dans la discipline chrétienne, au temps même qu’elle n’excluait point du sacerdoce les gens mariés [2] ; car elle en excluait ceux qui avaient eu successivement deux femmes, ou qui s’étaient mariés avec une veuve, ou qui avaient été déshonorés par l’adultère de leurs femmes : et si ce déshonneur leur arrivait dans l’état de cléricature, il fallait qu’ils s’en délivrassent par le divorce, ou qu’ils renonçassent à cet état. Verba synodi Neocæsar. cap. 8 hæc sunt : Si cujus uxorem adulterium commisisse, cùm esset laïcus, evidenter fuerit probatum, hic ad ministerium ecclesiasticum admitti non potest. Quòd si in clericatu eo jam constituto adulteraverit, dato repudio dimittere eam debet : si verò retinere ejus consortium velit, non potest suscepto ministerio perfrui, cap. si cujus, 34. distin [3]. Voyez la dissertation de M. Morin, ou l’extrait qui en fut donné dans les Nouvelles de la république des lettres [4].

(F) M. du Pin a oublié quelques éditions d’Athénagoras. ] Sa liste est fort ample [5], mais elle n’est pas toujours bien ponctuée dans l’édition d’Amsterdam [6]. Cela cause des brouilleries dans l’esprit. Il n’a point marqué l’édition d’Oxford, ni l’édition de Leipsick : celle-là parut l’an 1682, in-12, par les soins de M. Fell, évêque d’Oxford, et celle-ci l’an 1684, in-8o., par les soins d’Adam Rechenberg. Elles sont l’une et l’autre en grec et en latin, et accompagnées de notes. Il n’a point parlé non plus du Commentaire de M. Kortholt sur les traités d’Athénagoras. Cet ouvrage fut imprimé à Kiel, l’an 1675, in-folio, et a été inséré, avec des augmentations, dans l’édition de Justin Martyr, d’Athénagoras, etc., à Leipsick, en 1686. Notez que Guy Gaussart, prieur de Sainte-Foi à Coulommiers, fit une version française de l’Apologie d’Athénagoras, et qu’il y joignit les notes de Suffridus Petri. Cela fut imprimé à Paris, in-8o., l’an 1574. Du Verdier Vau-Privas, qui me l’apprend [7], fait mention d’une traduction française de deux écrits d’Athénagoras, composée par Arnaud du Ferron [8] ; mais il ne marque ni où ni quand elle a été imprimée [9].

(G) Je parlerai d’un roman, qui a paru sous le nom d’Athénagoras. ] Selon M. Cave, on n’en a vu encore que la traduction française, qui fut imprimée à Paris, chez Daniel Guillemot, l’an 1613, sous ce titre : Du vrai et parfait amour, écrit en grec, par

  1. Erasmus, in Ecclesiaste, lib. I, pag. 46, 47.
  2. Voyez Duaren., de Sacris Eccles. Minist. ac Benefic., lib. IV, cap. VIII, pag. 386.
  3. Duaren., de Sacris Eccles. Minist. ac Beneficiis, lib. IV, cap. VIII, pag. 387.
  4. Mois de juillet 1684, article VI, pag. 517.
  5. Voyez le Ier. tome de sa Nouvelle Bibliothéque, imprimé l’an 1686.
  6. Je parle ainsi, n’ayant point celle de Paris.
  7. Du Verdier, Bibliothéque françoise, pag. 533.
  8. Celui qui a fait en Latin une Continuation de Paul Emile.
  9. Du Verdier, Bibliothéque française, pag. 87, 88.