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ATHÉNÉE.

Athénagoras, philosophe athénien, contenant les amours honnêtes de Théogone el de Charide, de Phérécide et de Mélangénie. Martin Fumée, seigneur de Genillé, avait fait cette traduction, et l’avait envoyée l’an 1569, à M. de Lamané, secrétaire du cardinal d’Armagnac. Elle fut trouvée parmi les papiers de Bernard de San-Jorry, qui la mit au jour en 1612 [1]. Consultez M. Huet, qui parle amplement de ce livre, et qui conjecture que Philander en est le vrai père [2]. Il nous apprend que ce Fumée se vanta d’avoir eu l’original grec, par le moyen de Lamané, protonotaire du cardinal d’Armagnac [* 1].

Notez que l’édition indiquée par M. Cave, et qu’il avait vue dans la bibliothéque de M. Vossius, n’est pas la première. J’en ai une, qui est de Paris, chez Michel Sonnius, en 1599, in-12. Le titre ne diffère presque en rien de celui que l’on a vu ci-dessus [3]. La préface est de Bernard de San-Jorry, et datée de Castres, le 1er. octobre 1596. Elle nous apprend que San-Jorry, presque septuagénaire, avait trouvé parmi ses papiers une copie de cet ouvrage, laquelle il avait fait écrire sur celle qui avait été envoyée à M. de Lamane, et qu’il pria M. de Fonbouzart, lequel s’en allait en cour pour quelques siennes affaires, lui faire ce plaisir de se charger de cet œuvre, et vouloir prendre la peine de le communiquer à quelque imprimeur, passant par Paris.

  1. * On trouve, dit Joly, des traits curieux sur ce roman dans la Bibliotheca græca de Fabricius, liv. V, chap. I, pag. 88, et chap. VI, pag. 800.
  1. Tiré de M. Cave, Histor. Litterar. de Scriptor. ecclesiast., pag. 49.
  2. Huet, de l’Origine des Romans, pag. 42, et suiv.
  3. Au lieu de Théogone, mon édition porte Théogènes, et au lieu de Pherecides, elle a Pherecydes.

ATHÉNÉE (A) était un édifice public dans Rome, bâti par l’empereur Hadrien (B), pour servir d’auditoire aux docteurs, et à ceux qui voulaient lire leurs ouvrages en présence de beaucoup de monde. Il paraît par le commencement des satires de Juvénal, que ces sortes de lectures étaient fort fréquentes, et que Fronton prêtait sa maison et ses jardins aux poëtes qui voulaient réciter leurs vers devant une nombreuse compagnie [a]. Plusieurs autres voulurent bien que leurs maisons servissent à cet usage [b] ; mais, par malheur pour les poëtes, ils leur laissaient souvent bien des frais à faire (C) : c’était à celui qui devait lire son ouvrage, à garnir la chambre ; c’était lui qui payait le louage des chaises. Il y a quelque apparence que l’empereur Hadrien, qui aimait et qui entendait les sciences, se proposa entre autres fins, quand il fit construire l’Athénée, de ne plus laisser les auteurs sous le joug de ces incommodités. Il ne faut point douter que ce lieu ne servît aussi de collége [c] : non-seulement on y lisait des ouvrages, mais on y faisait aussi des leçons. Je trouve même que le sénat s’y assemblait quelquefois [d]. On a étendu le nom de ce lieu sur toutes sortes de colléges destinés à l’explication des sciences et des langues, car on les appelle en latin Athenæa. Il y en a même qui croient que les bibliothéques ont porté le nom d’Athenica [e].

  1. Frontonis platani convulsaque marmora clamant,
    Semper et assiduo ruptæ lectore columnæ.

  2. Stella, dans Martial, Epigr. VI du IVe. livre ; Titinnius Capito, dans Pline, Lettre XII du VIIIe. livre ; Quadratus, dans l’Epict. d’Arrien, livre III, chap. XXIII.
  3. Voyez la remarque (A).
  4. Voyez la remarque (A), sur la fin.
  5. Salmas., in Trebell. Pollion. de Trigenta Tyrannis.

(A) Athenée. ] Ce nom vient de Minerve, en grec Ἀθηνὴ, la déesse des beaux-arts et des sciences : on trouva