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ANCILLON.

M. du Pan [a], et ses études de théologie sous MM. Spanheim, Diodati, et Tronchin, qui l’aimèrent et l’estimèrent très-particulièrement [b]. Il partit de Genève au mois d’avril 1641, et alla se présenter au synode de Charenton, pour y prendre le degré de ministre [c]. Il fit admirer sa capacité à ses examinateurs, et sa modestie aux ministres de Paris [d] ; et toute cette assemblée fut si contente de lui, qu’elle lui donna la plus considérable des églises qui fussent à pourvoir [e]. C’était celle de Meaux. Il y exerça son ministère, jusqu’à l’an 1653, avec toute la satisfaction imaginable. Il fut tendrement aimé de son troupeau. Il se maria très-avantageusement (A) : il s’acquit une réputation fort étendue par son savoir, par son éloquence, par sa vertu ; et il fut même considéré des catholiques romains, avec beaucoup de distinction. Il fit voir encore avec plus d’éclat, et avec plus de succès, ses beaux talens, dans sa patrie, où il fut ministre, depuis l’an 1653, jusqu’à la révocation de l’édit de Nantes, en 1685. Il se retira à Francfort, après ce funeste coup [f] ; et ayant prêché dans l’église française de Hanau, toute l’assemblée en fut si édifiée, qu’elle demanda d’abord une convocation des chefs de famille, pour y proposer de le prier de leur accorder son ministère... [g]. La proposition fut agréée : on la lui fit faire par des députés, qui obtinrent tout ce qu’ils souhaitèrent. Il commença donc l’exercice de son ministère dans cette église sur la fin de l’année 1685 [h]. Nous verrons pourquoi il s’en retourna bientôt à Francfort (B), où il se serait fixé, si l’état de sa famille, qui était nombreuse, ne l’eût obligé d’aller dans un lieu où il pût l’établir [i]. Il choisit Berlin, et il reçut de S. A. E. de Brandebourg un accueil très-favorable [j]. Il fut fait ministre de Berlin : il eut la joie de voir que son fils aîné fut établi juge et directeur des Français qui étaient dans cette ville-là [k], et que son autre fils fut gratifié d’une pension, et entretenu à l’académie de Francfort-sur-l’Oder, et enfin ministre ordinaire de la capitale [l]. Il eut aussi le plaisir de voir son frère établi juge de tous les Français qui sont dans les états de Brandebourg (C), et M. Cayart, son gendre, ingénieur de son Altesse Électorale [m]. Il jouit de ces agrémens, et de plusieurs autres, jusqu’à sa mort ; et il finit sa course avec tous les sentimens de piété qui conviennent à un véritable ministre de Jésus-Christ ; il la finit, dis-je, de cette manière, à Berlin, le troisième de septembre 1692, âgé de soixante et quinze ans [n]. J’eusse pu faire

  1. Discours sur la Vie de M. Ancillon, pag. 18.
  2. Là même, pag. 20 et 21.
  3. Là même, pag. 31.
  4. Là même, pag. 35.
  5. Là même, pag. 36.
  6. Là même, pag. 352.
  7. Là même, pag. 353.
  8. Là même, pag. 354.
  9. Là même, pag. 366.
  10. Là même, pag. 372 et suiv.
  11. Là même, pag. 375.
  12. Là même, pag. 397.
  13. Là même, pag. 395.
  14. Là même, pag. 487.