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VIE DE M. BAYLE.

dire qu’il croyait que M. Bayle en était l’auteur, et le livre qu’il publia là-dessus ne parut que sur la fin d’avril [1]. « On vient de me mettre entre les mains, dit M. Wellwood [2], un livre qui depuis quelque temps fait grand bruit dans le monde, intitulé Avis aux Réfugiés, écrit par un savant de France, dans la vue de noircir la conduite des protestans de l’Europe en général, par rapport à la dernière révolution d’Angleterre....... non-seulement j’en connais l’auteur, mais je puis encore assurer mon lecteur qu’il a été écrit en conséquence d’un ordre du roi Jacques et du roi de France, qui lui a été porté par l’archevêque de Paris. » L’Observateur de M. Wellwood ayant été traduit en français et imprimé en Hollande sous le titre d’Histoire du temps, M. Jurieu s’emporta violemment contre cet endroit [3]. Il dit que c’était une pièce de commande, tout de même que la fausse édition, le faux privilége, et l’Extrait de la lettre de Paris dans l’Histoire des ouvrages des savans. « On n’a pas été en peine, ajouta-t-il, d’en deviner la source : c’est en Angleterre la même personne [4] qui là est la seule à nier que le sieur Bayle soit auteur du livre de l’Avis, et qui dit partout que le vrai auteur s’en découvrira à Paris. En même temps il fourre cela dans un journal en faveur de ses amis de deçà la mer, et à leur prière. Il n’est pas même hors d’apparence que cela ait été fourré dans la seule version française ; car il n’y a fausseté dont ces messieurs ne soient capables. » Et après avoir traité M. Wellwood d’une manière outrageante, il lui fait des excuses ridicules [5]. Il les répéta dans l’avertissement du Factum selon les formes. « Je dois avertir le public, dit-il, que les duretés qui se trouvent dans les Dernières convictions, contre l’auteur de l’Histoire du temps, doivent être anéanties. Alors je ne connaissais en façon du monde cet auteur. Depuis, j’ai su que c’est un très-honnête et très-habile homme. »

M. Wellwood publia, en 1692, une apologie de son Observateur, sous le titre d’Appendix, où il justifia quelques endroits de cet ouvrage, et entre autres celui qui regardait l’Avis aux réfugiés. « Ce livre, dit-il [6], avait à peine été reçu en France, et on ne l’avait pas encore vu en Angleterre, lorsqu’une personne de qualité et de mérite en France, qui a été depuis envoyée aux galères pour cause de religion, me l’annonça, ajoutant qu’il avait été écrit de concert avec la cour de France, et que tout le monde à Paris en regardait M. Pélisson comme l’auteur. J’écrivis là-dessus à mon ami de s’informer plus particulière-

  1. Cabale chimérique, pag. 217, de la 2e. édition.
  2. Mercurius reformatus, or the New observator, vol. 3, num. 7.
  3. Dernière conviction, etc., p. 34, col. 2.
  4. M. de la Bastide.
  5. Pag. 36, col. 1.
  6. An appendix to Mercurius reformatus, etc., p. 13.