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AVERTISSEMENT SUR LA SECONDE ÉDITION.

sent eu par ce moyen tout l’ouvrage sous un seul alphabet. Ceux qui avaient acheté n’eussent été obligés qu’à se pourvoir des additions, et ils eussent trouvé plus supportable l’incommodité des deux alphabets que celle de payer deux fois une même chose. J’aurais pris cet expédient si j’avais cru que les additions seraient aussi grandes qu’elles l’ont été ; mais lorsque l’on commença cette seconde édition, je me figurais qu’elles ne pourraient monter qu’à un petit nombre de feuilles, et que ce ne serait point la peine de les publier à part. Les choses ont changé de face pendant le cours de l’impression ; mais l’occasion de se servir de ce milieu était perdue quand on a pu croire que les additions pourraient composer un tome. On y prendrait mieux garde si cette seconde édition avait des suites ; car, en ce cas-là, on prendrait de telles mesures que chacun pourrait acheter, séparément ce qui serait ajouté.

Si cette excuse ne suffit pas, en voici une autre. Le public doit être si accoutumé aux fréquentes éditions des dictionnaires corrigées et augmentées chaque fois, qu’il ne serait pas raisonnable de se fâcher que j’aie suivi un usage que tant d’exemples autorisent. J’en pourrais citer beaucoup ; mais je me contente d’alléguer le Dictionnaire de Moréri, dont il s’est fait neuf éditions en vingt-cinq ans, toujours avec de nouvelles additions et corrections. La neuvième sera sans doute suivie de plusieurs autres sur le même pied, tant en France [1] qu’en Hollande. Je ne demanderais point que l’on m’excusât si j’étais coupable de tant de rechutes ; mais il me semble que l’on me doit tenir pour justifié sur cette première fois, et principalement puisque je n’ai pas dessein de réitérer cette conduite.

Disons quelque chose de cette seconde édition. Elle n’est pas augmentée de la moitié, mais il ne s’en faut guère ; et si elle n’est pas exempte des fautes de la première autant qu’il l’aurait fallu, et que je le souhaitais, elle est pourtant beaucoup moins défectueuse. La révision m’a fait trouver dans la première édition plusieurs méprises qui venaient de la négligence des imprimeurs. On y a remédié, comme aussi à plusieurs autres dont le plus grand nombre venait des auteurs que j’avais cités, et que je n’avais pas pu rectifier, à cause que les livres nécessaires pour cela n’étaient pas en ma puissance. Il y a quelques fautes que je n’eusse pas corrigées si on ne m’en eût averti. On discernera facilement celles-là ; car j’ai été soigneux d’indiquer [2] les sources des avis, ou des éclaircissemens, ou des supplémens qui m’ont été communiqués. Après tout, je ne suis pas sans beaucoup de crainte qu’il ne soit resté plus de fautes que

  1. Les nouvelles littéraires de Paris apprennent que M. Vautier travaille à une nouvelle édition du Moréri ; et cela non-seulement pour l’augmenter et le corriger, mais aussi pour le refondre. Il est bien capable d’y réussir. C’est lui qui a donné l’édition de Paris, 1699.
  2. Soit en général, soit en nommant les gens, soit en mettant des étoiles ou des points à la place de leur nom, quand j’ai su ou cru qu’ils ne voulaient pas être nommés. Il y a très-peu d’exceptions à ceci.