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AVERTISSEMENT

je n’en ai réparé : c’est le sort des dictionnaires de ne marcher vers la perfection que fort lentement et qu’à diverses reprises. Il leur manque une infinité de choses la première fois qu’ils se montrent ; le temps les leur donne peu à peu. Quoi qu’il en soit, j’ai été si mécontent de ma première édition en la faisant repasser sous l’examen, que je la désavoue, et l’abandonne [1], et que je n’en veux plus être responsable qu’à l’égard des choses que j’en ai fait réimprimer ; et j’attends de l’équité des lecteurs que s’ils veulent me reprendre, ils s’assureront, avant que d’en venir là, si l’endroit qu’ils croiront fautif se trouve dans la seconde édition. Je les prie aussi très-instamment de s’assurer si cet endroit-là est corrigé dans l’errata, ou dans les additions que j’ai mises à la fin de chacun de ces trois volumes.

Il y a une sorte de corrections que j’ai faites comme d’office, et en conséquence d’un engagement dont le public fut informé [2]. Je m’y suis conduit avec tout le soin possible, et avec une très-forte intention de satisfaire les mécontens. J’ai retranché pour cet effet tout ce que l’article de David pouvait contenir de désagréable. C’est la plus grande suppression qui ait été nécessaire : les autres ne sont pas considérables, ni quant à leur nombre, ni quant à leur étendue. On a pu remédier à tout aux dépens de quelques mots ou de quelques lignes, et principalement par le moyen de quatre éclaircissemens qui sont à la fin de cet ouvrage.

Je ne dirai presque rien des additions ; je ne veux prévenir personne, chacun en jugera comme il l’entendra ; mais je ne veux pas dissimuler que la peine qu’elles m’ont causée ne m’a point permis de corriger les articles de la première édition avec toute la sévérité et avec toute la diligence que j’aurais voulu y apporter. Il est malaisé que, pendant que les imprimeurs travaillent sans discontinuation, l’auteur suffise à ces trois choses : à faire la révision de deux gros volumes in-folio, à les augmenter de plus d’un tiers, et à corriger les épreuves.

Il y a telle addition qui amène du dérangement sur plusieurs endroits, qu’il faut retoucher et rajuster, si l’on ne veut pas se contredire ou débiter du galimatias. Pour bien corriger un dictionnaire, il faudrait se faire une loi de ne le pas augmenter ; car il en va de ces ouvrages comme des villes ou des fruits. On ne donne guère à une ville une belle symétrie lorsqu’on s’attache beaucoup plus à l’agrandir qu’à réparer les vieilles maisons. Un tel agrandissement sert plutôt à faire paraître les disproportions et les irrégularités qu’à les ôter.

  1. Ceci se doit entendre principalement des exemplaires qui furent réimprimés, et dont je ne revis pas les épreuves. Les imprimeurs y ont fait de grosses fautes, comme j’en avertis le public à la fin de mes Réflexions sur un imprimé qui a pour titre, Jugement, etc,

    Voyez ci-dessous la citat. (5). On pourra discerner ces exemplaires, si l’on prend garde qu’ils contiennent, sur la dernière page du Ier. volume, un supplément d’errata.

  2. Dans une Lettre touchant ce qui s’est passé dans le consistoire de l’église wallone de Rotterdam, au sujet du Dictionnaire critique.

    Cette lettre se trouve ci-dessous dans la Vie de M. Bayle de cette édition [année 1698.]