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PIÈCES JUSTIFICATIVES.

notions communes, et que par l’Écriture sainte on l’a ruiné sans aucune peine. J’ai seulement établi que ses objections sur l’origine du mal ne peuvent être résolues par les forces de notre raison, et je n’ai point cru que ce fût dire autre chose que ce que tous nos théologiens avouent de l’incompréhensibilité de la prédestination. Cependant je promets de méditer de nouveau sur cette matière, et de chercher des raisons philosophiques contre ces objections ; et si messieurs vos pasteurs veulent bien se donner la peine de m’en fournir, je les mettrai en œuvre le mieux qu’il me sera possible, et avec d’autant plus de joie que le manichéisme est une hérésie abominable à l’égard de la morale, et ridicule et monstrueuse à l’égard de la métaphysique. Ce que je promets à l’égard de cet article se doit aussi entendre en particulier à l’égard de celui de Pyrrhon.

» En un mot je déclare que je recevrai avec joie et pour en profiter, tous les avis qui me pourront être communiqués, afin de rendre mon livre plus utile au public, et plus édifiant aux églises ; surtout je recevrai avec beaucoup de soumission les bons avis de la compagnie.

» Il ne me reste, messieurs, que deux choses à vous déclarer. La première est que je n’ai jamais eu dessein d’avancer comme mon sentiment aucune doctrine qui fût contraire à la confession de foi de l’Église réformée dont je fais profession, et dans laquelle je demande à Dieu la grâce de me faire vivre et mourir. S’il se trouve donc dans mes ouvrages quelque doctrine de cette nature, je la désavoue et je la rétracte entièrement dès aujourd’hui. La seconde chose est que j’ai tout lieu d’espérer que la compagnie, n’ayant en vue que la paix et l’édification du public, sera pleinement contente de ce que dessus ; car c’est, ce me semble, tout ce qu’on peut exiger d’un auteur en semblables cas : outre qu’en prenant la voie du jugement elle ne peut ignorer qu’il y aura beaucoup de longueurs, que j’ai des raisons justificatives à alléguer sur chaque point ; qu’il faudra peut-être passer d’un tribunal à un autre, et en venir même à des écrits imprimés, qui ne serviront qu’à exciter de nouveaux troubles sans aucun fruit pour l’Église, et, au contraire, au contentement de nos adversaires.

» Si tout ce que je viens de dire ne produisait pas l’entière pacification de cette affaire, et si nonobstant cela l’on en venait à la voie du jugement, je demande qu’aucune des choses que j’ai déduites ci-dessus ne puisse préjudicier à la cause, ni aux prétentions de récusation, s’il en faut faire, ni aux voies d’appel si le cas y échet. Je demande aussi qu’on ne prenne point pour une partie de mon plaidoyer ce que j’ai dit, soit à