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AVERTISSEMENT

X [1] ; et l’article Versoris, que je donne tout entier dans les addenda du dernier volume [2].

Je n’ai rien à répondre à ceux qui se plaignent de ce que mon ouvrage ne leur fournit pas en assez grande quantité les choses qui sont de leur goût. C’est le destin inévitable des écrits miscellanées. Chaque lecteur y trouve trop de ceci, trop peu de cela. Ceux qui aiment les généalogies n’y en trouvent pas assez ; ceux qui ne les aiment pas y en trouvent trop. Ceux qui se plaisent aux raisonnemens philosophiques y en voudraient davantage ; ceux qui ne les aiment pas y en voudraient beaucoup moins. Les uns voudraient que je n’eusse pas donné l’article de tant de ministres : d’autres s’étonnent que j’en aie tant oublié. Je les prie tous de se souvenir d’un bon mot de Pline, Pardonnons aux autres leurs inclinations, afin qu’ils nous pardonnent les nôtres [3]. Je cite sur cela un beau passage de Scioppius [4].

Que si j’ai parlé d’une certaine famille plutôt que d’une autre qui n’était pas moins considérable, ou qui l’était encore plus, je l’ai fait sans acception de personnes. Ma seule règle a été que j’avais des matériaux pour les unes et non pour les autres.

Je dois une réponse particulière à ceux qui ont trouvé à redire que j’aie parlé de si peu de grands guerriers. Deux causes m’ont réduit à cette grande sécheresse. L’une est, comme j’en ai averti suffisamment [5], que j’ai évité de me rencontrer avec les autres dictionnaires, tant à l’égard des éditions déjà faites qu’à l’égard des éditions à venir. La plupart des généraux d’armée anciens et modernes se trouvent dans le Moréri ; on y trouve surtout les connétables, les amiraux, et les maréchaux de France, etc. Ces articles ne coûtaient que la peine de copier le père Anselme. Je me suis persuadé que tous les fameux guerriers septentrionaux et allemands paraîtraient avec beaucoup de détail dans le Dictionnaire de M. Chappuzeau [* 1]. Je n’ai donc point cru qu’il fallût que je me tournasse de ce côté-là. Mais voici une autre raison encore plus forte. Je ne me suis point vu en état de donner l’article des hommes de guerre tel que je l’aurais voulu. Le travail du père Anselme est bon et utile, et a demandé une patience et des recherches incroyables ; mais il ne peut point satisfaire la curiosité des lecteurs. Ce n’est presque rien que de savoir qu’une telle année un général prit ou secourut une ville, qu’il gagna une

  1. * V. ci-dessus, pag. 5.
  1. J’y donne deux lettres de ce pape qui n’avaient jamais été imprimées, et qui sont bien curieuses.
  2. Toutes ces additions ont été mises en leur lieu dans la 3e. édition, dans la 4e. et dans cette 5e. [et aussi dans la présente.]
  3. Conférez ce que dessous dans la remarque (G) de l’article Poquelin, t. XII, p. 262, à l’alinéa.
  4. Unde Seneca : Non est quod mireris ex eâdem materiâ suis quemque studiis apta colligere. In eodem prato bos herbam quærit, canis leporem, ciconia lacertum. Cùm Ciceronis libros de republicâ prehendit hinc philologus aliquis, hince grammaticus, hinc philosophiæ deditus, alius alio suam curam mittit. Et Plinius cùm dixisset multos esse, quos ea quibus nos capimur et ducimur, partim ut inepta, partim ut molestissima offendant : Demus, inquit, alienis oblectationibus veniam, ut nostris impetremus. Scioppius, Element. philosoph. stoïcæ moralis, cap. CLII, fol. 147.
  5. Dans la préface de la 1re. édit.