Page:Beckford - Vathek 1787 Paris.djvu/32

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Les visirs, les officiers de la Couronne, les gens de loi se rangèrent autour de leur souverain en demi-cercle, & dans un respectueux silence ; tandis que l’Indien, avec autant de sang-froid que s’il avoit été à jeun, se plaça sans façon sur une des marches du trône, & rioit sous cape de l’indignation que sa hardiesse causoit à tous les spectateurs.

Cependant le Calife, dont la tête étoit embarrassée, rendoit justice à tort & à travers. Son premier visir s’en apperçut, & s’avisa tout-à-coup d’un expédient pour interrompre l’audience & sauver l’honneur de son maître. Il lui dit tout bas : Seigneur, la princesse Carathis a passé la nuit à consulter les planètes ; elle vous fait dire que vous êtes menacé d’un danger pressant. Prenez garde que cet étranger dont vous payez quelques bijoux magiques par tant d’égards, n’ait attenté à votre vie. Sa liqueur a paru vous guérir ; ce n’est peut-être qu’un poison dont l’effet sera soudain. Ne rejettez pas ce soupçon ; demandez-lui du moins comme elle est composée, où il l’a prise, & faites mention des sabres que vous semblez avoir oubliés.

Excédé des insolences de l’Indien, Vathek répondit à son visir par un signe de tête, & s’a-