Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 2.djvu/173

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JUDITH Eh bien ! on nous volera. Ce n’est ni toi ni moi qui l’empêcherons. Ce n’est pas Marie non plus. Elle doit bien voir maintenant que nous reculons pour mieux sauter. J’aimerais mieux mille fois, mille fois, en finir dès demain et prendre ce qu’on nous laisse, puisqu’on veut bien nous laisser quelque chose. Quand le passé ne nous occuperait plus, nous penserions à l’avenir. MADAME VIGNERON Tu en parles bien légèrement, mon enfant, de l’avenir. JUDITH Il me préoccupe, mais il ne m’épouvante pas. C’est Blanche que je trouve de beaucoup la plus malheureuse. Elle perd un mari qui lui plaisait. MARIE Rien ne dit qu’elle le perdra. JUDITH Tout le dit, au contraire. Blanche ne se mariera pas, c’est clair comme le jour. À sa place, je n’attendrais pas que M. de Saint-Genis me redemandât sa parole, je la lui rendrais moi-même. MADAME VIGNERON Regarde, mon enfant, que de sottises tu as dites en cinq minutes. Tu m’as blessée d’abord, tu as