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l’humanité. C’est la Bible de la femme. Elle nous dit ses droits, et non moins impérieusement ses devoirs ; ceux nouveaux surtout qui découleront de son affranchissement intégral. Ces principes sont condensés en formules lapidaires et en images d’une saisissante précision. Nous n’en sommes plus à discuter sur la magie de leur pouvoir : les plus distingués penseurs de ce temps l’ont éprouvé. Il n’est plus, parmi eux, d’opposants irréductibles à l’égalité de l’homme et de la femme devant l’exercice de la vie. Où sont-ils, ceux qui oseraient, s’appuyant sur les axiomes arbitraires d’une science rétrograde, prononcer l’incapacité cérébrale de la femme ? Et ne sont-ils pas chaque jour plus rares, les attardés qui peuvent encore supposer que le savoir est l’adversaire de la grâce et que les ornements surajoutés à l’esprit, par l’étude, sont une entrave à l’épanouissement de la beauté ?

Parmi les hommes, que les premiers résultats des prophéties de Maria Deraismes ont déjà instruits, se rencontre-t-il de ces inquiets qui redoutaient que la pédante n’éloignât la mère du berceau, quand, au contraire, l’amour maternel s’épure par l’éducation, comme s’il se dépouillait, au filtre du savoir, de ses ignorances et de ses préjugés. Tout ce terrain conquis fut l’œuvre de vingt ans. En ces dix dernières années, la conquête a été plus rapide encore. Pas assez, toutefois, au gré des combattantes, dont le zèle attendait mieux des assemblées délibérantes, aux rouages si lourds et si compliqués. Elle-même, Maria Deraismes, n’aperçut qu’aux lueurs de son regard qui s’éteignait, la réalisation de l’un de ses rêves. Mourante, elle eut la joie de connaître que le droit électoral consu-