Page:Belilon Entretiens familiers d une institutrice avec ses eleves sur le livre de Maria Deraimes.djvu/16

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laire était accordé aux femmes. C’était la vision de la terre promise ; elle pouvait mourir ! Enfin Ève avait sa place dans l’humanité ! Quel rôle jouerait-elle ? Maria Deraismes l’entrevit. Il ne pouvait qu’être souverainement pacifique. La femme qui porte en ses flancs le sort des lendemains est, par destination, conservatrice du sang humain. Elle voyait la femme affranchie des galantes servitudes, des chaînes dorées de la chevalerie ; virile et forte, s’intéressant à la chose publique, délibérant avec les hommes et les menant, par la sagesse de ses conseils, à soumettre, le plus souvent possible, à l’arbitrage, ces conflits qui dégénèrent en massacres, pour lesquels on lui vole, avec la chair de ses entrailles, le plus pur de son amour. La conception d’une régénération de l’humanité par la femme régénérée est d’une noblesse qui ne peut que profondément nous émouvoir. Quel enseignement a plus de grandeur ! Il nous prépare, donné à des jeunes filles, des femmes fortes, des citoyennes instruites de leur tâche hautaine ; fières de leur sexe, s’efforçant d’en exalter les vertus par la pratique de ces devoirs qui grandissent à mesure que s’étendent les droits.

Toute l’œuvre de Maria Deraismes tend à cette conclusion.

Dans cette œuvre, deux femmes qui ont le plus efficacement médité sur le bien moral qui en découle, Mmes Camille et Hyacinthe Bélilon, confidentes de la narratrice, dépositaires de sa pensée, ont souligné, avec infiniment de tact, les passages essentiels.

Elles leur ont donné la vie familière du dialogue pour en rendre, à un auditoire adolescent, la lecture plus