Page:Bernard - Le Prince Maximilien.djvu/11

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Où, calme, de son Dieu l’âme peut s’occuper
Sans rien pour la séduire et rien pour la tromper.
La nature, à mes yeux, est mauvaise et haineuse ;
L’esprit est entraîné dans l’abîme qu’il creuse,
Quand, cherchant la raison des lugubres hivers,
Il voit partout le mal accabler l’univers.
Détournant mes regards de ce monde insensible,
J’ai trouvé dans l’église un abri plus paisible,
Et quand les chants pieux retentissent au chœur,
Un suave repos rayonne dans mon cœur.
Salut, vitraux dorés où le soleil ruisselle,
Salut, piliers massifs de l’antique chapelle
Où le chrétien, jadis, pour Dieu persécuté,
Voyait, en expirant, la divine cité !
Sous tes larges arceaux, comme l’âme s’élance !
Comme elle comprend bien ton éloquent silence,
Quand l’autel, se parant de ses pâles flambeaux,
Elle déchiffre un nom aux pierres des tombeaux !
Vous dormez ici-bas, prêtres, sages, apôtres,
Vos os sont devenus ce que seront les nôtres,
Une poussière vile, un débris ignoré,
Sur qui jamais, peut-être, un passant n’a pleuré ;
Mais votre âme en extase, ouvrant ses larges ailes,
A conquis dans les cieux la palme des fidèles,
Et, sur des trônes d’or, siégeant avec fierté,
Vous regardez d’en haut la faible humanité.