Page:Bernard - Le Prince Maximilien.djvu/12

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Descendez en mon cœur, descendez, âmes saintes !
Car si la vieille église entend encor mes plaintes,
C’est que, portant en moi l’idéal infini,
Je voudrais être à vous pour jamais réuni.
Cette voûte parée aux plus beaux jours de fêtes,
Des rameaux fleurissant au pays des prophètes,
Éveille dans mon âme un désir insensé
De retrouver l’Éden dont l’homme fut chassé,
Et, détournant mes pas de la foule importune,
J’attends que dans la nef vienne briller la lune.
Quand ses pâles rayons, tombant sur le vitrail,
Du nimbe des vieux saints font reluire l’émail,
Je sens qu’il est en moi, tombé d’une main juste,
Un germe d’infini, faible et pourtant auguste ;
Triomphant de la chair, mon esprit enchaîné
S’élève tout à coup de mon corps prosterné ;
Comme un robuste enfant qui rejette ses langes,
Je marche d’un pas ferme au milieu des phalanges
Où les Forts et les Saints, de lumière vêtus,
Se mêlent à l’essaim des célestes Vertus !
Parle-moi sans relâche, ô sombre cathédrale !
Où l’humble moyen-âge a posé sa sandale ;
La plante parasite à ton flanc a poussé,
Mais tu gardes toujours un reflet du passé,
Et dans tes escaliers, où la rampe tournoie,
Dans tes vitraux sacrés dont la splendeur foudroie,