Page:Bernard - Le Prince Maximilien.djvu/5

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Aussitôt, en face du prince
On dresse à la hâte un autel ;
Il n’a plus duché ni province,
Et pourtant son cœur est au ciel.

Du regard dévorant l’hostie,
S’il ne peut prendre d’aliments,
Il sent son âme anéantie
Se ranimer à tous moments.

On distingue sur son visage
Un avant-goût d’éternité ;
Il est maître de l’héritage
Trop tôt par Adam convoité.

À genoux, en cercle, la foule
Répond à ses accents pieux,
Et des lèvres de tous découle
Un chant qui monte jusqu’aux cieux.

La nature en silence assiste
À ce spectacle solennel,
Et les chiens, sans chercher la piste,
Font la garde autour de l’autel.

Dans les sapins le vent sommeille,
Sur les pics se tient le chamois,
Et la croassante corneille
Ne dit plus rien au fond des bois.