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rait le territoire de l’abbé de Saint-Bénigne du territoire de l’abbé de Saint-Étienne, comme un huissier au parlement jetait sa verge et son holà entre deux plaideurs bouffis de colère[1] ; — et enfin avec ses faubourgs populeux dont l’un, celui de Saint-Nicolas, étalait ses douze rues au soleil, ni plus ni moins qu’une grasse truie en gésine ses douze mamelles. — J’avais galvanisé un cadavre et ce cadavre s’était levé.

» Dijon se lève ; il se lève, il marche, il court ! trente dindelles carillonnent dans un ciel bleu d’outremer comme en peignait le vieil Albert Durer. La foule se presse aux hô-

  1. Les deux abbayes de Saint-Étienne et de Saint-Bénigne, dont les contestations fatiguèrent si souvent la patience du parlement, étaient si anciennes, si puissantes, et jouissaient de tant de privilèges accordés par les ducs et les papes, qu’il n’y avait à Dijon aucun établissement religieux qui ne relevât de l’une ou de l’autre. Les sept églises de la ville étaient leurs filles, et chacune des deux abbayes avait en outre son église particulière. — L’abbaye de Saint-Étienne battait monnaie.