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cains français s’emparèrent de la Belgique, et forcèrent les religieux de Tongerloo à abandonner leur abbaye. En 1801, le préfet du département des Deux-Nèthes, et, l’année suivante, le ministre de l’intérieur, sur les instances de l’Institut de France, engagèrent De Bue à reprendre la célèbre publication; mais, malgré les offres avantageuses et honorables qui lui furent faites, il ne put se résoudre à se remettre à l’œuvre, ni à leur indiquer où les trésors littéraires des Bollandistes avaient été cachés. Il se retira alors à Hal, sa ville natale, et y mourut le 29 septembre 1808, à l’âge de quatre-vingts ans. De Bue était un homme d’une modestie rare, d’un caractère jovial et d’une grande charité.

E.-H.-J. Reusens.

Acta SS. Octobris, publiés par les Bollandistes, VII, pp. xxx et suivantes.

BUEREN (Maximilien d’Egmont, comte DE). Voir Egmont (Maximilien d’), comte de Bueren.

BUEREN (Ph.-Guill., comte DE). Voir à l’article Guillaume le Taciturne.

BUESEN (Gérard), né à Zichen, près de Maestricht, en 1757, fréquenta avec le plus grand succès les cours de philosophie de l’Université de Louvain. Inscrit ensuite parmi les élèves de la Faculté de médecine, il fut bientôt choisi pour présider aux exercices scientifiques des bacheliers[1]. Il subit brillamment les épreuves de la licence, le 12 août 1783, et publia à cette occasion une dissertation inaugurale qui fut remarquée des savants[2]. Appelé à Schyndel, près de Bois-le-Duc, où résidait une partie de sa famille, il y exerça la médecine pendant quelques années; mais, dès 1792, ses maîtres, qui avaient conservé le souvenir de ses qualités éminentes, firent des démarches pour le faire revenir à Louvain. Le 11 septembre 1793, il obtint la chaire de botanique. Le 17 janvier de l’année suivante, il fut appelé à succéder au docteur Vounck, dans la chaire d’anatomie et de chirurgie.

L’arrivée des armées républicaines vint mettre un terme aux succès du jeune professeur. Détenu comme otage à la porte de Hal à Bruxelles, menacé d’être déporté en France, brusquement arrêté dans une carrière nouvelle où il avait débuté avec éclat, Buesen supporta avec courage les épreuves inséparables de cette époque orageuse. Après la suppression de l’université, en 1797, il reprit àLouvain l’exercice de l’art de guérir et ne tarda pas à jouir de la confiance d’une nombreuse et brillante clientèle. Il consacrait ses rares loisirs au culte de la science qui avait possédé toutes les sympathies de sa jeunesse. En 1791, la Société des sciences de Haarlem avait couronné un mémoire sur le traitement de la dyssenterie, qu’il avait adressé à cette compagnie célèbre[3]. En 1809, il publia sur les causes et le traitement de la même maladie un ouvrage intitulé : Tractatus de Dyssenteriæ popularis pathologia et medicina genuinis, habita multigena complicationis ratione[4]. Dans ce livre, où l’on remarque une latinité aussi élégante que correcte, il s’efforça de prouver que, si la médecine avait fait de remarquables progrès dans les premières années du XIXe siècle, il ne fallait pas en conclure que les médecins des siècles antérieurs avaient constamment erré dans les ténèbres. C’était le développement scientifique d’une sentence d’Hippocrate, qu’il avait prise pour épigraphe de son traité : Inventa absque ratione calumniari vel ignominiosen rejicere, aut maligni est aut ignorantis.

  1. Le choix était abandonné aux élèves en médecine. Celui qui était revêtu de ces fonctions portait le titre de Medicinæ baccalauriorum fiscus et decanus.
  2. Dissertatio medica de Ischuria, quam pro adipiscenda Medicinœ laurea sub auspiciis Ampl. ac clar. viri Dom. Martini Vander Belen, med. doc. et prof. prim., defendet Gerardus Buesen, etc. Elle a été réimprimée au tome III, pp. 63-84 de la Collectio dissertationum medicarum in Alma Universitate lovaniensi multorum annorum curriculo publice defensarum.
  3. Le mémoire avait été rédigé en réponse à la question suivante : Is het heulsap in den persloop uit besmetting niet alleenlyk een hulpmiddel ter verzagting en stilling van toevallen, mitsgaders ter voorkoming van derzelver gevolgen; maer bovendien een hulpmiddel, waar van men de geneezing der ziekte, tot eenen aanmerkelyken trap aanwezig, in eenig tydperk derzelve, met genoegzame veiligheid mag afwagten? etc.
  4. Louvain, Michel, 230 pages in-8o, in-12.