Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/103

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agens de police, et que ceux-là seuls étaient de bons citoyens, qui avaient crié vive la charte ! l’esprit de la bourgeoisie se montrait là tout entier.

Ces tumultes de la place publique, qu’elle protégeait hautement en 1819, nous l’avons vue depuis les flétrir avec passion. Ah ! c’est qu’en 1819, elle n’était pas encore à bout de conquêtes !

Quoi qu’il en soit, comme tous les troubles qui n’aboutissent pas à une révolution tournent au profit du pouvoir qui les réprime, la bourgeoisie fut vaincue dans le parlement, faute d’avoir vaincu ses ennemis dans la rue. Quelques-uns de ses meneurs prirent l’épouvante : quelques consciences se laissèrent acheter ; et, après d’orageux débats, la loi du 5 février fit place à un système électoral qui donnait au parti féodal une représentation à part. Il avait demandé l’élection à deux degrés : on lui donnait, en établissant dans chaque département un double collège, plus et mieux qu’il n’avait demandé. Grande fut la joie des vainqueurs. Pour ce qui est de la monarchie, elle se trompait si elle se crut sauvée : elle était perdue.

Pour élever le trône au-dessus des orages, c’était trop peu, ai-je dit, de modifier telle ou telle combinaison électorale : il aurait fallu détruire le principe électif lui-même. On va voir la vérité de cette observation.

Le ministère Richelieu venait de remporter sur la bourgeoisie une de ces victoires qui semblent décider du sort des Empires. Quelle reconnaissance ne lui