Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/363

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gouvernement provisoire ! — Lui-même, reprit le jeune homme en conduisant le député à la fenêtre, et en lui montrant une centaine d’hommes qui avaient combattu à la caserne de Babylone. Et je dirais à ces braves gens de fusiller le bon Dieu, qu’ils le feraient. » M. Mauguin se mit à sourire, et signa la proclamation en silence.

Ce fut ce jour-là qu’on remit à l’Hôtel-de-Ville un paquet à l’adresse de l’ambassadeur d’Angleterre, lord Stuart de Rothsay. Parmi les membres de la commission municipale, un seul fut d’avis qu’il fallait prendre connaissance des dépêches. Elles furent renvoyées à lord Stuart, sans qu’on eût brisé le cachet.

Tandis que, dans cette arène ouverte aux partis, chacun s’agitait au gré de ses désirs ou de ses croyances, c’est à peine si quelques voix s’élevaient pour faire retentir le nom de l’empereur dans une ville qui avait été si long-temps remplie du bruit de ce nom. Deux hommes sans influence, sans réputation militaire, sans passé, MM. Ladvocat et Dumoulin, eurent un moment la pensée de proclamer l’empire. MM. Thiers et Mignet persuadèrent aisément à l’un que la fortune se livre à qui se hâte. L’autre parut en costume d’officier d’ordonnance dans la grande salle de l’Hotel-de-Ville ; mais M. Carbonel l’ayant prié poliment de passer dans une pièce voisine, il y fut renfermé et retenu prisonnier. Ainsi, d’une part, l’étalage d’un habit brodé ; de l’autre une espièglerie d’enfant, c’est à cela que devait se réduire la lutte entre le parti d’Orléans et le parti impérial ! Singularité historique dont le