Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/483

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et qu’il était digne d’un homme tel que le vicomte de Chateaubriand de ne pas se faire, au début d’un règne, l’orateur des agitations. Il finit en disant qu’un meilleur moyen s’offrait à lui de servir utilement son pays, et qu’on n’hésiterait pas à lui donner un portefeuille, celui de l’instruction publique, par exemple. Chateaubriand secoua tristement la tête. Il répondit que de tout ce qu’il venait d’entendre, ce qui touchait le plus son cœur, c’était l’intérêt de la France si profondément troublée ; qu’il n’attendait rien et ne voulait rien accepter d’un régime élevé sur la ruine de ses espérances ; mais que, puisque son discours pouvait jeter dans son pays des semences de haine, il en adoucirait les formes. Cette négociation singulière avait lieu la veille du 7 août.

Le lendemain, la chambre des pairs s’étant rassemblée à neuf heures et demie du soir, le président lut la déclaration de la chambre des députés, après quoi le vicomte de Chateaubriand se leva et s’exprima en ces termes au milieu du plus profond silence :

« Messieurs, la déclaration apportée à cette chambre est beaucoup moins compliquée pour moi que pour ceux de MM. les pairs qui professent une opinion différente de la mienne. Un fait, dans cette déclaration, domine, à mes yeux, tous les autres, ou plutôt les détruit. Si nous étions dans un ordre de choses régulier, j’examinerais sans doute avec soin les changements qu’on prétend opérer dans la charte. Plusieurs de ces changements ont été par moi-même proposés. Je m’étonne seulement qu’on ait pu entretenir la chambre de cette mesure réactionnaire, touchant les