Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/491

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Chapon, n° 28, et louée à deux cents ouvriers de professions diverses, rapportait au moment de la révolution dix-sept mille francs. Le revenu tomba subitement à dix mille, et il n’est aujourd’hui encore, après plus de dix ans, que de quatorze mille francs.

Pour adoucir ces maux, voici quels moyens furent mis en usage. On chantait sur les théâtres une Marseillaise nouvelle, composée par M. Casimir Delavigne. On célébrait dans un langage pompeux les héros morts pour la liberté. Le journal du duc d’Orléans, le National, s’était écrié : « Vous avez été toujours les plus braves et les plus héroïques des hommes. Honneur à vous braves Parisiens ! » Et non moins enthousiastes que les journalistes, les magistrats de la cité renchérissaient sur ces éloges. « Qui peut se flatter, disait dans une proclamation aux habitants de Paris, M. Alexandre de Laborde, de mériter le rang de premier magistrat d’une population dont la conduite héroïque vient de sauver la liberté et la civilisation ? » En effet, le pain manquait dans beaucoup de familles, et plus d’une mère en pleurs fut aperçue cherchant, sur les froides dalles de la Morgue, un cadavre aimé. Toutefois, comme des souscriptions s’ouvraient de toutes parts en faveur des victimes de juillet (c’est ainsi qu’on appelait les morts ou les blesses), ceux qui avaient péri furent, en cela du moins, utiles à leurs femmes et à leurs enfants. Beaucoup de ceux qui avaient survécu furent moins heureux.

Pendant ce temps, on s’occupait au château de réviser la charte, c’est-à-dire, de rétablir la garde