Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/118

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française. Il y allait des plus chers intérêts de la France, et ce dénouement était inévitable, si pour l’empêcher, le cabinet du Palais-Royal n’eût déployé une activité sans égale.

Parmi les personnages influents de la Belgique nouvelle, les uns étaient des républicains qui, comme M. de Potter, ne voulaient point faire partie d’un peuple retombé sous le joug monarchique. Les autres étaient, comme MM. Van de Weyer et Nothomb, des hommes à demi sceptiques, impatients de leur précédente obscurité, sans esprit de système, et faisant volontiers consister la capacité des affaires dans une froide soumission aux décrets de la force. Ces derniers, le gouvernement français les aurait mis sans peine dans les intérêts de la France, n’ayant pour cela qu’à leur prouver sa puissance, et à leur promettre un rôle. Il agissait dans un sens opposé, et les eut naturellement contre lui : c’était là ce qu’il voulait.

Grâce à cette conduite, inouïe certainement dans les fastes de la diplomatie, un véritable parti français ne put se former en Belgique, bien que de ce côté se trouvassent en même temps la logique des faits, les apparentes décisions du sort, la grandeur et l’avenir de deux peuples. La lutte s’engagea donc, à Bruxelles, entre les patriotes, partisans chaleureux d’une nationalité belge, et les orangistes, qui avaient contribué à combattre la suprématie hollandaise, mais qui, ne croyant pas à la possibilité d’une Belgique indépendante, désiraient le maintien de la dynastie des Nassau, avec des institutions modifiées. Les hommes de finance, beaucoup d’industriels, la