Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/128

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dans la chambre ? » Mot qui explique bien la répugnance avec laquelle de hauts personnages voyaient alors tout ce qui pouvait donner à la souveraineté parlementaire trop de relief et de prestige !

L’interrogatoire des anciens ministres fut solennel, et plus grave que sévère. Seul, M. Mauguin donna des signes de sensibilité. Il avait jadis obtenu de M. de Peyronnet une amnistie pour des Français réfugiés en Espagne. Il avait connu M. de Guernon Ranville, et plus intimement encore, M. de Chantelauze. Quand ce dernier, pâle, malade, atterré, se présenta tout-à-coup à lui, il ne put s’empêcher de lui tendre la main et fondit en larmes. M. de Chantelauze, en effet, paraissait plier sous le poids de son infortune. M. de Peyronnet, au contraire, déployait une assurance qui n’était pas exempte de bravade. Il expliquait sa coopération aux ordonnances par son dévouement absolu pour un roi qui l’avait comblé de bienfaits. Le courage de M. de Guernon-Ranville était mêlé de mauvaise humeur. Quant à M. de Polignac, son attitude étonnait au plus haut point les commissaires. Calme et presque souriant, il avait l’air de regarder tout ce qui se passait comme une comédie de mauvais goût. « La responsabilité des ministres, disait-il, n’est qu’un corollaire de l’inviolabitité royale. On n’a pas respecté l’inviolabilité de Charles X, donc, ses ministres ont cessé d’être responsables. » C’était dire à la victoire de fléchir sous des subtilités de légiste. Mais, à l’abri de ces conséquences d’une fiction qui n’avait sauvé ni Charles Ier ni Strafford, M. de Polignac se croyait