Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/138

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sistible que celle du vin, et maudissaient les agitations, oubliant déjà celles qu’au mois de juillet ils avaient provoquées, encouragées, applaudies. « Pendant trois ans, s’écriait le Journal des Débats, la démocratie s’est repue de massacres ; pendant trois ans, elle a léché le sang de la guillotine. » Puis, il rappelait comment cette même démocratie avait dû, pliant sous le pied d’un soldat, cuver dans l’esclavage les orgies de la liberté.

Ceux qui avaient perdu le sentiment de la reconnaissance, sans en avoir encore tout-à-fait perdu la pudeur, mettaient au-dessus du plaisir d’insulter le peuple, l’avantage de le diviser. Par une tactique trop connue pour être habile, ils félicitaient les combattants de juillet, le véritable peuple, de ne garder que mépris aux agitateurs, supposant ainsi la distinction qu’ils voulaient créer.

D’autres rejetaient le mal sur les sociétés populaires, foyers ardents, disaient-ils, où venaient se tremper toutes les passions sans emploi. Mais dans les troubles qu’excita le procès des ministres, les sociétés populaires ne jouèrent aucun rôle. Les hommes dont elles se composaient étaient eux-mêmes divisés sur la question de la peine de mort. Dans la Société des Amis du Peuple, par exemple, un avocat ayant un jour invité l’assemblée à une démonstration menaçante pour les prisonniers de Vincennes, un des membres les plus influents du club, M. Roche, avait protesté contre de telles tendances avec une vivacité extrême, et l’assemblée s’était séparée sans rien conclure.

Quand l’anarchie est dans la nation, il est difficile