Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/139

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qu’elle ne soit pas aussi dans le pouvoir. Le ministère enrayé avait annoncé par le Moniteur que l’abolition universelle et immédiate de la peine de mort ne lui paraissait pas possible, et que même pour la restreindre aux seuls cas où la nécessité la rendait légitime, il fallait du temps et un long travail. Et, dans cet intervalle, le préfet de la Seine adressait au peuple une proclamation qui, tout en frappant d’un blâme énergique les fauteurs de troubles, qualifiait d’inopportune l’adresse présentée au roi par la chambre.

Cette proclamation produisit, à la cour, une irritation profonde. On y supportait depuis long-temps M. Odilon-Barrot avec une impatience mal déguisée. Non que son libéralisme différât, par le fond des choses, de celui de MM. de Broglie et Guizot ; mais on ne lui pouvait pardonner sa probité dédaigneuse, ses prétentions à l’indépendance, surtout son mépris pour les courtisans. Sa destitution fut résolue.

M. Odilon-Barrot avait pour ami le général Lafayette. M. Dupont (de l’Eure) le jugeait presqu’indispensable. M. Laffitte lui-même lui prêtait contre les doctrinaires un appui sincère et non timide. Lorsqu’on parla sérieusement, au château, de remplacer le préfet de la Seine, le garde-des-sceaux se montra prêt à offrir sa démission. Il en fut de même du général Lafayette.

La situation était critique. Il en coûtait au roi de fléchir. D’un autre côté, au plus fort du bouillonnement populaire, se séparer de deux hommes qui seuls pouvaient protéger moralement le trône nouveau, c’était courir de terribles hasards. M. Sébastiani intervint. Sa vie et sa pensée appartenaient