Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/159

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dres, ce qui convient au bon gouvernement d’une autre contrée ? On se propose de pourvoir à la sécurité des autres états ? Messieurs, n’est-ce pas cette sécurité des autres états qu’on invoquait à Troppau, à Leibach, à Vérone ? N’est-ce pas au nom de cette sécurité des autres états que des années d’exécution ont été lancées tour-à-tour sur le Piémont, sur Naples et sur l’Espagne ? Notre gouvernement a proclamé le principe de non intervention. Quel est donc l’objet des délibérations dont on parle ? N’est-ce pas déjà un oubli, une violation du principe consacré qu’un concert à établir sur les bases posées par le gouvernement anglais ? » À ces mots, un mouvement se fait dans l’assemblée. L’orateur poursuit d’une voix de plus en plus émue. Il compare le droit qu’on voudrait s’arroger d’imposer à la Belgique affranchie le joug d’une volonté étrangère, au droit exécrable qui, en divers pays, a couvert l’Europe de proscrits et dressé des échafauds à Turin, à Madrid et à Naples. Il combat en passant les prétentions de la Belgique sur le duché du Luxembourg, mais il demande que, dans les limites de la justice, la souveraineté du peuple belge soit inviolablement respectée. Et puis, l’Europe doit compter sur la modération de la France. « Supposez, en effet, Messieurs, ajoute l’orateur, qu’à la place du roi sage qui nous gouverne, la révolution du 30 juillet eût enfanté une république, ou porté au pouvoir un prince, un soldat heureux, plus jaloux de grandeur pour lui-même que de bonheur pour la France, qui eût empêché un chef téméraire de république ou de monarchie, le jour où le toscin