Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/211

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nouveau, ce dogme ; car l’Europe tressaillait encore au souvenir de l’application héroïque et sanglante qu’il avait reçue sous le comité de salut public.

Quoi qu’il en soit, l’effet produit fut immense. Les pairs quittaient leurs places et se précipitaient au-devant de l’orateur pour le féliciter. Parmi les plus empressés était le duc de Fitz-James. Dans les tribunes, où l’on avait entendu à diverses reprises des applaudissements retentir, l’émotion était au comble.

Les journaux répandirent au-dehors les détails de ce triomphe, en y applaudissant. L’indignation alors, ne connut plus de bornes, chez tous ceux qui avaient pris la révolution au sérieux. Quoi ! ce procès devenait pour les défenseurs le sujet d’une joute oratoire, et, pour les accusés, une occasion d’apothéose ! Quoi ! la défense était transformée en panégyrique, et on n’avait remué tous ces souvenirs de deuil que pour faire du tombeau des victimes un piédestal aux hommes contre qui le sang versé criait vengeance ! Les esprits droits se révoltaient à l’idée d’une pareille insulte faite aux ressentiments les plus légitimes.

Si, comme l’avait affirmé M. Sauzet, Charles X se trouvait placé entre la nécessité d’abdiquer et celle de s’imposer, que n’avait-il su se décider pour l’abdication ? Au lieu de sacrifier le peuple à son orgueil, que n’avait-il sacrifié son orgueil au peuple ? La fatalité de sa situation pouvait bien le condamner à déposer la couronne, mais non l’absoudre des moyens violents pris pour la conserver. Il n’avait