Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/242

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de l’adresser. Tout roi qui se montrerait reconnaissant à l’égard d’un sujet, citoyen illustre, créerait par-là au trône une position subalterne.

Le commandement de la garde nationale de Paris fut conféré au général Lobau. M. Treilhard fut remplacé à la préfecture de police par M. Baude. On accepta la démission de M. Taschereau qui, offerte déjà par lui, avait été refusée. Seul de tous les hommes dont on redoutait le caractère indépendant, M. Odilon-Barrot fut conservé. On avait dit de lui, au château : « il ne sera plus à craindre lorsqu’il n’aura plus au-dessus de lui M. de Lafayette, et au-dessous de lui M. Taschereau. »

Ainsi se dénoua ce procès qui avait si fortement tenu en éveil toutes les passions et fait courir à la monarchie nouvelle de si grands risques. Il servit à mettre en relief la fougue et la puissance des intérêts bourgeois. Il prouvait clairement deux choses, la première, que le peuple n’était encore ni assez éclairé, ni assez sûr de lui-même, pour avoir une volonté ; la seconde, qu’on pouvait tout obtenir de la bourgeoisie, en s’adressant à ses instincts de conservation et en lui faisant peur. L’épreuve était donc complète, et d’autant plus heureuse pour la cour, qu’on allait dire désormais aux ambassadeurs étrangers : « Écrivez à vos souverains que l’esprit révolutionnaire est vaincu. »

Ce résultat fut vanté comme le fruit d’une politique habile. Il n’avait rien pourtant dont le pouvoir fut en droit de se faire honneur. Pour paraître en armes dans les rues et contenir le peuple, la bourgeoisie n’avait eu qu’à suivre l’impulsion de ses crain-