Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/291

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liberté de l’enseignement, proclamée avec faste, préparait aux générations à venir le triste héritage des divisions et des haines dont la vie de la génération présente était tourmentée. Aux pompes du catholicisme, si puissantes sur le peuple qu’on gouverne par l’ame et par les sens, nulles fêtes n’avaient été substituées. Le théâtre restait exploité par des particuliers. Le chant des processions ne dominait plus, même aux jours solennels, le bruit de la rue ; et rien ne remplaçait cet appel mystique aux émotions populaires, énergique moyen de gouvernement. La société, en un mot, ne vivait plus que sur les ruines qu’elle venait de faire.

Au reste, le mal n’avait pas sa source seulement dans les débordements de la controverse et dans la sceptique indifférence des pouvoirs nouveaux. La Restauration avait si témérairement invoqué les choses saintes à l’appui des misérables vanités de ce monde, elle avait tellement compromis dans sa querelle la majesté divine, et tellement accoutumé le peuple à maudire Dieu dans le prêtre, que l’impiété avait revêtu le caractère d’une résistance légitime à l’oppression. L’orgueil des hauts dignitaires de l’Église, l’arrogance et l’astuce des jésuites, le fanatisme calculé de la congrégation, les intrigues de sacristie, bavaient fait qu’exalter ce sentiment d’indépendance que le siècle de Voltaire nous avait légué.

Un événement inattendu vint mettre en relief ce qu’une situation semblable recelait de désordres. Depuis quelque temps les légitimistes semblaient renaître à la confiance. Leur langage devenait de