Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/31

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de l’insurrection de 1821, ouvrir avec empressement ses portes aux émigrés piémontais, les recueillir, leur offrir de l’argent et les sauver. C’étaient là pour les patriotes italiens des motifs suffisants d’espérance. Que la France leur prêtât son concours ; qu’elle empêchât les Autrichiens de franchir les Alpes, et l’Italie était libre. Rome, alors, aurait ouvert aisément ses portes à l’insurrection partie de Bologne ; le pape, dépouillé de son pouvoir temporel, aurait conservé intacte sa puissance spirituelle ; l’Italie, enfin, se serait politiquement constituée, après avoir écrit sur son étendard ce mot magique : Unité. Tels étaient les projets des patriotes italiens. Quant au chef qu’ils se donneraient, comme, à leurs yeux, la question de nationalité était la plus importante et la première à résoudre, ils ne pouvaient se montrer bien difficiles sur le choix. Et c’est ce qui explique les rapports qui s’étaient établis entre Menotti et le duc de Modène, prince artificieux, cruel, enclin au despotisme, mais animé d’une volonté forte, et capable de se jeter dans une conspiration, si elle avait dû avoir pour résultat de le couronner roi d’Italie.

La Belgique n’était pas moins agitée que l’Italie bien que sa situation fut différente. Au point de vue matériel, jamais elle n’avait été plus heureuse que depuis sa réunion à la Hollande. Les colonies hollandaises fournissaient à ses produits d’importants et nécessaires débouchés. Le monarque qui la gouvernait était, d’ailleurs, une bonne tête, et l’un des souverains sans contredit les plus remarquables de l’Europe, Profondément versé dans la science éco-