Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/32

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nomique, ayant le goût des spéculations, parce qu’il en avait le génie, Guillaume avait donné à l’industrie hollando-belge une impulsion sinon très-morale, au moins très-vive. Parmi les plus riches négociants de son royaume, les uns étaient ses associés, les autres ses débiteurs ; et c’était par lui, à ses risques et périls, en quelque sorte, qu’avait été fondée la société générale de Bruxelles. Mais Guillaume avait le cœur tout hollandais. Il se souvenait trop bien qu’en 1815 la Belgique n’avait été unie à la Hollande que comme un accroissement de territoire. De là des préférences injurieuses, et dans la distribution des emplois, une partialité révoltante. Grief extrêmement grave, puisqu’il armait contre la Hollande la partie la plus remuante et la plus éclairée de la population belge. Ajoutez à cela que les deux peuples ne parlaient pas la même langue, ne professaient pas la même religion, n’avaient pas les mêmes mœurs ; que quatre millions de Belges ne comptaient pas plus de représentants aux états-généraux que deux millions de Hollandais ; que Guillaume avait prétendu introduire dans les actes publics et dans les plaidoiries l’usage d’une langue uniforme ; qu’enfin, par l’établissement du collége philosophique de Louvain, il avait soulevé contre lui la puissance du clergé de Belgique, puissance jalouse et qui ne sut jamais pardonner. De cet état de choses devait naître naturellement l’alliance des libéraux et des catholiques ; cette alliance, en 1830, était aussi étroite que possible, et devenait de jour en jour plus menaçante pour la Haye. Cependant, telle était la prospérité matérielle des Belges, que