Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/33

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leur irritation n’allait pas jusqu’à désirer le renversement violent de la dynastie. Une séparation administrative aurait suffi à leurs vœux. Beaucoup même se seraient tenus pour satisfaits du renvoi du ministre de la justice, van Maanen, instrument trop fidèle des volontés injustes de son maître. Mais il en eût été bien autrement, si la Belgique eût pu se créer une situation qui, tout en brisant le lien qui l’attachait à la Hollande, lui eût offert les avantages qu’elle retirait de son union avec ce dernier pays. Pour conclure avec la Belgique le pacte d’une féconde et honorable fraternité, la France n’avait qu’à lui tendre les bras.

La situation de la Pologne renfermait, comme celle de la Belgique, des germes nombreux de révolution. Orgueilleuse et guerrière, la noblesse polonaise n’avait subi qu’en frémissant le joug des traités de 1815, et plus d’une fois elle avait essayé de le briser. Le major Lukasinski, fauteur d’une conspiration qu’on avait découverte, était descendu dans les cachots pour y mourir ; mais le souvenir de ce glorieux conspirateur vivait dans le cœur de tout véritable Polonais, et son nom était parmi la jeunesse l’objet d’un culte héroïque. Lors du couronnement de Nicolas à Varsovie, un complot fut au moment d’éclater : il n’échoua que par la pusillanimité de quelques membres de la diète. Vainement le prince Lubecki, ministre de l’empereur, avait-il donné à l’industrie en Pologne un essor prodigieux, vainement le grand duc Constantin était-il parvenu à y organiser une superbe et savante armée, la Pologne voulait devenir indépendante, et supportait im-