Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/330

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ments. Soumis à l’ascendant de la Russie, le Divan s’était d’abord opposé à la substitution, du drapeau tricolore au drapeau blanc : le général Guilleminot envoya son gendre, le comte Roger, au plénipotentiaire russe pour demander des explications. Lorsque M. Roger entra, M. de Ribeaupierre était à table, entouré de ses officiers. Ne pouvant contenir l’explosion de ses répugnances, il mit à attaquer violemment la révolution de France et ses suites. Homme de cœur et tout dévoué à son pays, M. Roger répliqua avec vivacité, comparant à ces mouvements séditieux qui, en Russie, n’aboutissaient qu’à des assassinats, ce glorieux événement de juillet qui avait élevé la France dans l’estime du monde. Quoique tort animée, cette scène n’eut pas de conséquences fâcheuses. Les obstacles, qui supposaient au changement du pavillon français furent même écartés. Mais une hostilité sourde n’avait pas cessé d’exister entre les deux ambassadeurs. Le général Guilleminot ne fut, donc ni surpris, ni affligé de la dépêche du maréchal Maison. Des négociations, habilement conduites, pouvaient créer, soit dans le Caucase, soit en Perse, des moyens efficaces de diversion, et sauver la Pologne ; mais l’essentiel était d’amener la Turquie à se déclarer contre les Russes, au premier coup de canon. Dans ce but, des ouvertures furent faites au Divan, et tout fut secrètement préparé, dans la prévision d’une guerre imminente.

Pendant ce temps, la dépêche adressée au Palais-Royal par le maréchal Maison arrivait à Paris. Elle était ainsi conçue : « Jusqu’ici, m’a dit M. de Metternich, nous avons laissé la France mettre en