Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/339

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publique et aux cultes, M. de Montalivet ; au commerce et aux travaux publics, M. d’Argout ; à la marine, M. de Rigny. De ces ministres, aucun n’était en état de lutter contre l’ascendant du président du conseil. Seul le maréchal Soult avait assez d’importance pour l’oser impunément. Mais il paraissait disposé à renoncer à la suprématie dans le cabinet, pourvu que, dans la sphère de son autorité, on le laissât librement exercer son adroit despotisme et accroître sa fortune. Car, à côté d’une science militaire incontestable et des plus hautes qualités de l’administrateur, il y avait dans ce soldat heureux tous les défauts des anciens chefs de barbares qui envahirent les Gaules : la rudesse, l’avidité, la ruse.

Assuré de son empire, Casimir Périer ne songea plus qu’à en faire l’épreuve sur la chambre, où, depuis l’émeute de février, le parti de la résistance ne montrait qu’indécision et frayeur. Casimir Périer se présenta au Palais-Bourbon le 18 mars. Quand il parut à la tribune, ému et impérieux, il y eut un moment d’attente solennelle. On sentait bien que le ministère d’un tel homme ne pouvant être qu’un long duel, son programme allait être un défi. On ne se trompait pas. Il commença par nier avec une franchise pleine de fiel que le principe de la révolution de juillet fut un principe d’insurrection. Il annonça hautement sa résolution de briser les partis, de faire faire silence autour du pouvoir. Les peuples insurgés à notre exemple, il les abandonnait à leurs destinées. Ainsi, avec l’Europe monarchique, une paix obstinée ; avec la